Le 20 septembre, le ministère de la Justice américain a publié un amendement à l'encontre du site Full Tilt Poker, accusé d'avoir mis en place une escroquerie pyramidale : les fonds déposés par les joueurs auraient servis à payer les membres du conseil d'administration.
Pour Bharara Preet, procureur du bureau de Manhattan qui s'est exprimé dans un communiqué, Full Tilt Poker utilisait un procédé appelé « Chaîne de Ponzi ». Ce système pyramidal consiste à utiliser les fonds déposés par les nouveaux arrivants pour payer les plus anciens : en l'occurrence, dans le cas de Full Tilt Poker, l'argent des nouveaux inscrits auraient permis de payer les gains des joueurs déjà inscrits, mais également de rémunérer les membres du conseil d'administration et des professionnels du poker sponsorisés par le site, comme Christopher Ferguson. Ledit conseil d'administration aurait ainsi détourné une grande partie des fonds du site, à savoir environ 440 millions de dollars entre 2007 et 2011.
La mécanique bien huilée de ce système, surfant sur le succès du poker en ligne, s'est enrayée en avril dernier lorsque le FBI, mandaté par le gouvernement américain, a fait fermer plusieurs sites de poker, prenant soin au passage de geler les comptes de ces derniers. Dans la liste se trouvait Full Tilt Poker, qui expliquait à l'époque que « les fonds des joueurs étaient en sécurité » et que leur retrait était possible. Rouverte, puis définitivement fermée fin juin, la version américaine de FTP s'est alors vu contrainte de rembourser ses membres.
Mais la logique implacable du système pyramidal a rapidement coupé court aux remboursements : faute de nouveaux inscrits pour alimenter les caisses et payer les gains des joueurs, les fonds sont vite venus à manquer. Pour 400 millions de dollars déposés, le site ne disposait que de 60 millions de liquidité pour rembourser les joueurs.
L'amendement déposé par le Department of Justice américain vise à récupérer l'argent perçu par les dirigeants du site, ainsi que des pénalités pour blanchiment d'argent, un élément déjà mis en avant par le « vendredi noir » du 15 avril dernier. En attendant, des milliers de joueurs attendent toujours de revoir la couleur de leurs deniers.