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Comme Facebook et Twitter en d'autres temps et d'autres lieux, l'application Telegram a pris une place d'importance dans le mouvement de révolte en cours en Biélorussie. Depuis quinze jours, les manifestants réclament le départ d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans.

Des chaînes de messages et des groupes de discussion créés spontanément sur l'application de messagerie cryptée, permettent alors
de coordonner les actions dans la rue. Les channels « NEXTA » (« quelqu'un » en biélorusse) et « NEXTA Live », réunissent respectivement plus de 700 000 et plus de deux millions d'abonnés, pour un pays qui compte neuf millions de personnes.

Coordiner les actions face à un pouvoir répressif

En Biélorussie, la contestation ne faiblit pas. Le 9 août dernier, selon les données officielles, le président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans, a remporté l'élection présidentielle à 80,1 % des voix contre Svetlana Tikhanovskaïa, qui a obtenu un résultat de 10,12 %. L'opposition ne reconnaît pas ces résultats et dénonce une fraude électorale.

Des manifestations ont depuis éclaté partout à travers le pays. Dimanche 23 août, au 15ème jour du mouvement de contestation, entre 200 000 et 250 000 personnes sont descendues dans les rues de Minsk, malgré la répression drastique orchestrée par le pouvoir notamment par un déploiement militaire d'ampleur et les tortures que des personnes arrêtées affirment avoir subi lors de précédentes manifestations.

Mais que vient faire Telegram au cœur de ces manifestations ? Comme Facebook ou Twitter lors du Printemps Arabe, l'application cryptée est devenue l'outil d'organisation et de coordination des actions de la contestation populaire.

Les chaînes de Telegram sont utilisées pour partager des informations, vidéos ou photos, les zones de localisation de la police ou les contacts d'avocats et autres groupes de défenses des droits humains. C'est également à partir de celles-ci que démarrent les manifestations.

NEXTA, de la chaîne YouTube au média de la contestation

Les chaînes les plus connues s'appellent NEXTA, NEXTA Live ou Belarus of
The Brain. Dans les jours ayant suivi le vote, l'audience de NEXTA Live est passée de quelques milliers d'utilisateurs à plus de deux millions à l'heure actuelle. Sa chaîne-sœur NEXTA réunit près de 700 000 personnes, tandis que Belarus of The Brain s'approche des 500 000 abonnés.

NEXTA était au départ une chaîne YouTube, lancée en 2015 par des jeunes
gens d'une vingtaine d'années. L'un des créateurs, Stepan Putilo, 22 ans, est journaliste et activiste. La médiatisation de NEXTA l'a poussé à déménager en Pologne, nous apprend Le Temps, d'où la chaîne Telegram coordonne ses activités. Elle compterait une quinzaine de rédacteurs anonymes.

De son côté, Alexandre Loukachenko accuse ces chaînes Telegram d'être dirigées depuis l'étranger et d'obéir à l'agenda de puissances adverses et
d'ennemis politiques…