L'application de messagerie chiffrée Signal est bloquée en Russie et au Venezuela par les gouvernements de ces pays qui cherchent à contrôler les communications et à limiter la dissidence. Signal riposte en proposant à ses utilisateurs des solutions pour contourner la censure, notamment avec des serveurs proxys.
Quand les autorités s'attaquent à la liberté d'expression, les outils de communication sécurisée deviennent une cible de choix. C'est ce qui arrive à Signal, l'application de messagerie chiffrée préférée des militants et journalistes. Moscou et Caracas ont décidé de bloquer son accès, privant leurs citoyens d'un moyen fiable pour échanger.
Mais Signal ne compte pas se laisser faire. Par la voix de sa présidente en personne, l'entreprise déploie l'artillerie lourde pour permettre à ses utilisateurs de continuer de communiquer librement. L'objectif : faire jouer la solidarité en partageant ses accès à celles et ceux privés de la liberté d'expression.
Pourquoi Signal est dans le viseur des autorités russes et vénézuéliennes
En Russie comme au Venezuela, le blocage de Signal s'inscrit dans une volonté de museler toute forme d'opposition. Au Venezuela, la censure intervient dans un contexte électoral tendu. Le président Nicolás Maduro, accusé de fraude, cherche à étouffer la contestation après un scrutin controversé. Il a ordonné le blocage de Signal et de X.com, craignant que ces plateformes ne servent à coordonner des manifestations, à l'instar des récentes émeutes en Nouvelle-Calédonie.
En Russie, le régulateur Roskomnadzor justifie la censure par des motifs sécuritaires. Il accuse Signal de faciliter des activités « terroristes et extrémistes ». Mais la vraie raison semble ailleurs. Des analystes estiment que le Kremlin veut empêcher la diffusion d'informations sur l'offensive ukrainienne dans la région de Koursk. Moscou redoute aussi que l'application serve à organiser des actions antigouvernementales.
Dans les deux pays, le blocage de Signal s'ajoute à un arsenal répressif plus large visant à contrôler l'information en ligne. VPN et autres outils de contournement sont également dans le collimateur des autorités.
Comment Signal aide ses utilisateurs à déjouer la censure
Comme nous pouvions nous en douter, Signal, figure de proue de la liberté d'expression et de la sécurité des données personnelles, est vent debout contre ces mesures de censure. Sa présidente, Meredith Whittaker, a lancé sur le site l'opération « Proxy Please », qui consiste non seulement à proposer plusieurs solutions à ses utilisateurs pour contourner la censure, mais également de faire jouer la solidarité pour créer un pont entre ceux qui jouissent de la liberté d'expression et ceux qui en sont privés.
« Si vous le pouvez, veuillez configurer un serveur proxy Signal pour aider les gens à accéder à Signal dans les endroits où leur gouvernement nous a bloqués », explique-t-elle sur son compte X.com, en renvoyant ses abonnés vers sa publication sur le site de Signal. Elle y explique comment procéder, étape par étape.
La première solution est d'activer la fonction intégrée de contournement directement dans l'application. Pour cela, il suffit de suivre ces instructions :
- Allez dans les Paramètres de l'application ;
- Cliquez sur Confidentialité ;
- Cliquez sur « Avancé » ;
- Puis sur « Contournement de la censure ».
Signal encourage aussi ses utilisateurs à la création d'un réseau de serveurs proxys. Comme l'explique Meredith Whittaker, « n'importe qui peut configurer un proxy, et une fois celui-ci déployé, vous pourrez fournir une URL pour que les gens puissent commencer à l'utiliser ». Un clic sur cette URL suffira à connecter Signal au proxy TLS mis en place. Pour créer ce proxy, les instructions détaillées se trouvent sur GitHub.
Enfin, pour faciliter le partage, Signal suggère d'utiliser le hashtag #SignalProxy sur les réseaux sociaux. Mais attention à ne pas divulguer publiquement l'adresse exacte du proxy, au risque d'attirer l'attention des censeurs. Mieux vaut proposer de la partager en privé.
La liberté d'expression reste un combat dans de nombreux pays
La censure d'Internet reste monnaie courante à travers le monde. Clubic vous en parlait en ce début 2024. En 2023, 25 pays ont imposé des blocages temporaires, totalisant 196 coupures majeures. L'Irak mène la danse, avec 66 fermetures. X.com trône au sommet des sites les plus ciblés, bloqué plus de 10 000 heures. Facebook, Instagram et TikTok n'échappent pas à la censure.
Ces restrictions ont touché 747 millions de personnes, sans compter le milliard soumis à la censure permanente en Chine. Le coût économique est colossal : 9,01 milliards de dollars. La Russie écope de la plus grosse facture avec 4,02 milliards, suivie par l'Éthiopie et l'Iran. Le Venezuela vient allonger cette liste de son nom.
- Riche en fonctionnalités
- Open source
- Sécurisée
Sources : Signal, AlternativeTo