En Russie, l'arrestation de Pavel Durov, le fondateur de Telegram, passe mal. Elle provoque même une certaine panique alors que le pays est en guerre contre l'Ukraine depuis deux ans et demi.
Ces dernières années, de nombreux réseaux sociaux et applications de messagerie ont été bannis en Russie, laissant un acteur comme Telegram presque seul dans le paysage numérique du pays. Une application qui est extrêmement utilisée dans le cadre de la guerre ukrainienne, non seulement par les blogueurs russes, mais aussi par les simples soldats, pour communiquer et pour obtenir des informations de terrain.
Un outil extrêmement populaire, mais qui est la cause d'une forte angoisse dans ce pays depuis que son fondateur Pavel Durov a été appréhendé par les autorités françaises samedi dernier.
Vent de panique dans l'armée russe
En Russie, l'arrestation de Pavel Durov a été interprétée unanimement comme un coup de l'Occident contre la Russie, en lien avec la guerre actuelle en Ukraine. L'objectif; selon les médias du pays, serait de mettre la main sur le contenu échangé sur l'application.
« Durov a été enfermé pour obtenir les clés [de chiffrement]. Et il va les donner » avance ainsi dans un message Telegram la patronne de Russia Today, Margarita Simonian. De quoi faire peur aux blogueurs de guerre russes, mais aussi aux soldats russes, qui ont fait de l'application leur moyen de communication et d'information préféré depuis le début des hostilités.
Un appel à développer un canal de communication sous contrôle russe
Résultat, beaucoup, à l'instar de Margarita Simonian, préconisent de supprimer toute conversation sensible ayant été effectuée sur l'application, et ne plus l'utiliser à l'avenir pour les communications importantes. Une nouvelle pratique qui pourrait rendre les communications beaucoup moins aisées durant la guerre actuelle.
D'autres pointent par ailleurs du doigt ce qu'ils considèrent être une inertie dangereuse de la part du pouvoir russe. « La police française a arrêté le chef du principal moyen d'échange d’informations au sein des forces armées russes. Ils nous enlèvent notre seule communication plus ou moins normale ! » s'est ainsi émue la célèbre chaîne Telegram Rybar, proche du ministère de la Défense. Elle rappelle qu'elle a depuis plusieurs années plaidé pour la création d'un canal de communication qui soit proprement russe, et non pas la propriété d'un milliardaire qui a installé les locaux de son entreprise à Dubaï.
L'arrestation de Pavel Durov pourrait-elle finalement précipiter la Russie dans le développement d'un nouveau Telegram, mais cette fois entièrement sous contrôle russe, à l'image du WeChat chinois, auquel aucun pays étranger ne pourrait avoir accès, et ce, même en arrêtant le PDG de Tencent, Ma Huateng ? L'hypothèse apparaît plausible, Moscou ayant toujours considéré que la Russie devait être souveraine dans tous les domaines. Reste que cela devrait prendre un certain temps. Et la guerre n'attend pas.
- Fonctions sociales
- Nombreuses options de personnalisation
- Les appels vidéo à 30 intervenants