Sur Internet, l'une des grandes tendances de cette année reste incontestablement la géo-localisation. La prise en charge des interfaces de programmation du W3C par les navigateurs a permis de populariser cette technologie. Par ailleurs, le marché croissant du smartphone associé à celui de la puce GPS a donné naissance à de nouveaux types d'applications dont Foursquare reste incontestablement l'un des pionniers.
Principalement utilisé à partir d'un smartphone, l'application Foursquare dresse une liste des lieux publics aux alentours et, grâce à une série de partenariats avec certains commerçants, permet au mobinaute qui accepte de partager sa position géographique, de bénéficier de certaines offres promotionnelles.
Lors du salon LeWeb'10 qui s'est tenu à Paris la semaine dernière nous avons rencontré Dennis Crowley, PDG de la start-up new-yorkaise qui revient sur ce nouveau marché.
De combien d'utilisateurs disposez-vous ?
Dennis Crowley : Je n'ai pas de chiffres pour l'Europe. Nous venons de dépasser les 5 millions de membres dans le monde. Environ 40% de ces derniers sont en dehors des Etats-Unis. Nous venons tout juste d'embaucher quelqu'un qui sera justement chargé d'analyser ces chiffres que nous partagerons prochainement.
Foursquare n'est pas un service très développé en France. Selon vous quels sont les défis spécifiques pour déployer Foursquare en Europe ?
D.C : Je pense qu'il s'agit principalement d'un problème de localisation. Notre service est en anglais et nos partenariats sont à New York ou aux Etats-Unis. Nous faisons des efforts pour développer ces derniers mais pour une petite société il n'est pas facile d'avoir une présence internationale avec trente ou quarante salariés. Ceci dit nous y travaillons.
Facebook a récemment annoncé Facebook Places puis Facebook Deals. Est-ce une menace selon vous ?
D.C : Facebook est très bon pour connecter les gens sur Internet. Cependant ce que nous tentons de faire est complètement différent. Nous développons des produits permettant de connecter les gens dans la vraie vie. Même si nous avons des "check-ins" et des "deals" la finalité du produit et la manière dont il est utilisé est différente. Donc nous ne sommes pas très inquiets à ce sujet, nous avons une feuille de route solide et des partenaires fantastiques.
Avant que Facebook n'annonce Places, la société vous a-t-elle approchée ?
D.C : Nous en sommes à un stade où nous discutons avec plusieurs sociétés pour d'éventuels partenariats. Mais je ne peux pas vous en dire plus.
Avez-vous songé à d'autres fonctionnalités qui viendraient compléter votre service de géo-loalisation ? Je pense à Facebook ou Yelp qui proposent des atouts autres que le partage de la position géographique.
D.C : Oui nous allons dévoiler beaucoup d'autres fonctionnalités mais il y a une différence entre apporter d'autres fonctions et changer la véritable nature du produit. La mission principale de Foursquare est d'aider les gens à naviguer le monde déconnecté. Cela inclut notamment la suggestion de certains itinéraires ou encore des astuces sur des lieux susceptibles de plaire à l'utilisateur.
L'une des raisons pour laquelle Foursquare fonctionne bien c'est justement parce que ces fonctionnalités ont été développées dès le début. Parfois certains services rajoutent d'autres couches au-dessus du coeur du produit mais souvent l'intégration n'est pas très bien réussie. Je vois cela tous les jours au sein des grandes sociétés.
Certaines entreprises sont très performantes pour faire une chose et soudain elles se mettent à faire trois nouvelles choses et ces dernières ne sont pas populaires.
Lors du sommet ad:tech vous avez parlé du futur de Foursquare avec des recommandations de lieux publics ou un partage simplifié de sa position géographique. Ces nouveautés sont-elles en développement ?
D.C : Nous avons plusieurs choses. Il y a probablement trois ou quatre produits qui sont actuellement en développement. Nous espérons en déployer la majorité au début de l'année prochaine et voir ce que ca donne.
Vous avez récemment levé entre 20 et 30 millions de dollars. Qu'allez-vous faire de cet argent ?
D.C : Nous allons investir dans des locaux pour accueillir les développeurs, embaucher de nouvelles personnes, couvrir les frais de voyage. Vous savez cela coûte beaucoup d'argent d'avoir une société. Cet argent devrait couvrir nos besoins jusqu'à la fin de l'année prochaine.
Après une acquisition en 2005, Google a fermé Dodgeball, votre première start-up, en janvier 2009 . Si la société vous approchait aujourd'hui comment réagiriez-vous ?
D.C : Mon rôle est de trouver ce qu'il y a de mieux pour Foursquare et pour assurer le développement des produits que nous souhaitons voir. Nous avons parlé à plusieurs personnes sur le sujet et j'ai cette expérience du passé. Il y a des jours où cela fait sens et d'autres jours où ce n'est pas le cas. On ne peut pas prédire ce que nous réserve l'avenir.
Je n'ai pas de parti pris sur la question, je veux juste m'assurer que nous irons de l'avant et que les choses seront développées. Et si cela implique que nous signons avec une grosse société alors pourquoi pas. Si au contraire cela signifie qu'il nous faut rester indépendants pour les cinq prochaines années alors c'est ce que nous ferons.
Il y a eu Dodgeball puis Foursquare, pourquoi êtes-vous autant attiré par la téléphonie mobile ?
D.C : Je ne me vois pas comme étant particulièrement focalisé sur le mobile mais plutôt sur le développement d'un produit que mes amis et moi pouvons utiliser lorsque nous ne sommes pas à la maison. Je n'aime pas développer des logiciels pour rester devant mon ordinateur. Je veux des produits qui rapprochent les gens et les encouragent à communiquer dans le monde réel. Et le mobile est la meilleure façon de réaliser cela. Si tout le monde utilisait une Nintendo DS alors nous aurions fait cela sur la console. Il se trouve que le téléphone portable est l'objet que les gens sont les plus susceptibles d'avoir sur eux.
Je vous remercie