L'autorité administrative indépendante s'est penchée sur la récente acquisition du groupe Webedia, géant français des médias online.
Le 17 avril 2019, l'Autorité de la concurrence était mise au courant par la société Webedia du rachat de la société Elephant créée il y a 20 ans par le journaliste Emmanuel Chain et le producteur Thierry Bizo. Si cette dernière ne s'est pas opposée à la prise de contrôle, elle révèle tout de même avoir étudié le dossier avec une certaine attention. Une preuve que les Youtubeurs ont un poids certain dans le monde des médias aujourd'hui.
Créer des synergies entre médias et influenceurs
Par son acquisition, Webedia souhaite créer des synergies entre ses différentes activités numériques et le savoir-faire éditorial de la société Elephant, pour proposer des contenus liés à ses influenceurs aux diffuseurs que sont les services SVoD, les chaînes de télévisions ou les plateformes de vidéos en ligne.Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut avoir à l'esprit le rôle et la position de chacun. Elephant est une société de production française qui compte dans le paysage médiatique. Parmi ses productions phares, on retrouve le magazine Sept à huit (TF1), l'émission Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain et les séries Fais pas ci, fais pas ça ; La Stagiaire et Parents mode d'emploi (toutes sur France 2).
De l'autre côté, Webedia, l'un des groupes de médias français les plus influents avec 31,1 millions de visiteurs uniques en mars 2019, selon Médiamétrie. La société possède de nombreuses filiales comme Allociné, Jeuxvideo.com, IGN France, Pure People, Terrafemina ou encore Pure Médias. Mais dans le cas présent, ce qui intéressait plus particulièrement l'Autorité de la concurrence était la branche des Youtubeurs de Webedia. Et celle-ci est incarnée par Mixicom, un réseau qu'elle possède et à qui sont affiliés les célèbres Norman, Cyprien et Squeezie (37 millions d'abonnés et près de 10,6 milliards de vues à eux trois) pour ne citer qu'eux.
Un changement de perception vis-à-vis des Youtubeurs
L'Autorité de la concurrence craignait donc que d'éventuels « effets verticaux » ne découlent de ce rachat, au regard des services de gestion proposés aux talents et influenceurs de Webedia et de la qualité de distributeur de droits de programmes audiovisuels d'Elephant. Lier de façon contractuelle les influenceurs gérés par Webedia aux productions du groupe Elephant pourrait avoir pour conséquence d'écarter toute concurrence en créant « des offres incontournables sur ces marchés. »À l'issue de son instruction, l'Autorité a finalement autorisé l'opération sans la soumettre à quelconques conditions particulières. L'autorité administrative n'a pas pu mettre en évidence de levier suffisant, et prend comme exemple les activités menées par d'autres groupes (TF1, M6, Canal Plus) qui disposent également d'une filiale dédiée aux influenceurs, Studio 71 pour TF1, Golden Network pour M6 et Studio Bagel pour Canal Plus.
Si cette approche de l'institution n'a pas eu d'effet direct, elle note tout de même un changement de la perception vis-à-vis des Youtubeurs. Il existe encore un certain flou autour des activités d'influenceurs à succès, que certains considèrent désormais comme de vrais médias à part entière.
Source : Autorité de la concurrence