TikTok, le réseau social de partage de vidéo appartenant à l'entreprise chinoise ByteDance, demande à ses modérateurs de censurer des vidéos qui pourraient déplaire aux autorités chinoises.
Les contenus ajoutés sur TikTok qui mentionnent les massacres de la place Tiananmen, l'indépendance du Tibet ou encore le mouvement spirituel Falun Gong, interdit depuis 1999, sont désormais supprimés.
TikTok : chanter, mais avec modération !
Selon des documents qui ont fuité et qui détaillent les directives de modération du site, TikTok applique une surveillance radicale des contenus qui sont mis en ligne, avec pour objectif de ne pas froisser Pékin.Les documents, révélés par The Guardian, expliquent comment ByteDance, propriétaire de TikTok, catégorise les contenus. Les directives divisent les éléments interdits en deux familles : ceux identifiés comme une « violation » sont totalement supprimés du site et peuvent conduire l'utilisateur à être banni du service. Les contenus jugés les moins graves, eux, sont signalés et restent visibles, mais leur distribution est réduite par l'algorithme. L'auteur, qui peut encore voir le contenu en question, n'est alors pas au courant de l'intervention d'un modérateur.
Une modération politique ?
Il apparaît en outre que les règles sont relativement dures en ce qui concerne la modération : il est notamment interdit de « critiquer les lois et règles d'un pays », d'évoquer des sujets sensibles, comme le séparatisme, et de parler d'une liste de vingt personnalités jugées « sensibles », parmi lesquelles Gandhi, Kim Jong-un ou Barack Obama. L'intervention vise ici à ne pas froisser les autorités, en intervenant - notamment - sur les sujets sensibles précédemment évoqués.TikTok a déjà réagi en faisant savoir que ces règles n'étaient plus appliquées, en partie, depuis le milieu de l'année. Un pouvoir renforcé a été donné aux modérateurs installés dans les différents pays où l'application connaît un vif succès. Ils peuvent ainsi avoir une vision plus nuancée selon leur propre marché.
Il n'empêche que ces révélations interviennent alors que l'on soupçonnait de plus en plus TikTok de contrôler les sujets de discussion. Le Washington Post avait notamment pointé du doigt il y a quelques jours le fait que le mouvement fort pro-démocratie qui agite Hong-Kong n'était que très peu évoqué sur TikTok... Modération ?
Source : The Guardian