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Une commission sénatoriale enquête depuis plusieurs jours sur le réseau social TikTok, en s'attardant sur des points sensibles comme son exploitation des données et sa stratégie d'influence.

Sans aller jusqu'à remettre en question l'avenir de TikTok en France comme le font les États-Unis et dans une moindre mesure le Canada, le sénateur et président du groupe Les Indépendants - République et Territoires, Claude Malhuret est porteur d'une résolution ayant abouti à la création d'une commission d'enquête sur l'utilisation de TikTok. Elle se destine à « faire la lumière sur la véracité » des accusations récoltées par le réseau social chinois, qui n'est d'ailleurs pas que dans le collimateur du seul Sénat.

Données personnelles, addiction, RGPD… la plateforme fait l'objet de multiples accusations

Parmi les accusations lancées contre TikTok ces derniers mois, on peut évoquer le supposé fonctionnement différencié selon les zones géographiques, qui aurait tendance à renforcer le caractère addictif de la plateforme et de pousser toujours plus loin la durée maximale d'utilisation. Celle-ci serait d'ailleurs différente selon que l'utilisateur se trouve en Chine, où TikTok partagerait davantage de contenus pédagogiques, ou dans le reste du monde.

Le rapport au RGPD (le règlement européen sur la protection des données à caractère personnel) est aussi pointé du doigt, TikTok étant soupçonné de ne pas suffisamment respecter la confidentialité de ses utilisateurs étrangers, allant peut-être jusqu'à communiquer leurs données à des tiers, données consultées par des employés ByteDance du monde entier.

« L’actualité aux États-Unis, au Canada et en Europe, conforte notre initiative au Sénat », précise le sénateur Malhuret, qui complète : « nous ne sommes pas en mesure d’affirmer que TikTok n’est pas un instrument potentiel de désinformation ou de manipulation au profit de régimes non démocratiques, ni que son utilisation est sûre au regard de la nécessaire protection des données ».

Pour Mickaël Vallet, sénateur socialiste, écologiste et républicain nommé président de la commission d'enquête, « le succès impressionnant de TikTok, notamment auprès de la jeunesse, rend plus nécessaire encore de dissiper certaines zones d'ombre ».

TikTok invité à rassurer

La mission d'information du Sénat a débuté ses travaux le 13 mars, avec l'audition de Marc Faddoul, chercheur en intelligence artificielle. Le spécialiste, qui ne voit pas différence fondamentale entre un TikTok et un Facebook ou Twitter, appelle tout de même à se méfier du fait que l'entreprise doive « répondre à un gouvernement autoritaire ».

En parallèle, TikTok s'affaire pour tenter de convaincre les autorités françaises de sa bonne foi, notamment après avoir dévoilé son projet Clover, une enclave européenne pour le stockage des données de ses utilisateurs. Les équipes de la plateforme de partage de vidéos, qui ont entamé une véritable tournée européenne de séduction, ont à ce titre rencontré le président de l'Arcom, Roch-Olivier Maistre, pour lui détailler ce fameux projet, toujours le 13 mars.

Un peu plus tôt, c'est le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, qui faisait face à TikTok. Le membre du gouvernement a pu discuter avec Erich Andersen, conseiller général de ByteDance, sur les différentes questions notamment soulevées par les sénateurs, alors que TikTok compterait déjà autour de 15 millions d'utilisateurs en France.

S'il n'est pas question d'interdire TikTok à l'échelle du pays, en tout cas pas à ce stade, plusieurs ministères auraient déjà banni l'application des mobiles de ses fonctionnaires. La pression est forte : au groupe ByteDance désormais de convaincre toutes les parties.

Source : Sénat