La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui a testé plusieurs centaines de produits issus de marketplaces, a publié une enquête stupéfiante.
Pour la troisième année consécutive, elle révèle donc son enquête visant à vérifier la conformité des produits proposés à la vente. Le constat est hélas plutôt alarmant : plus de 60 % des produits présentaient une anomalie.
Plus de 3 produits sur 10 non conformes ET dangereux
Avec un chiffre d'affaires dépassant les 112 milliards d'euros en 2020, il n'est pas exagéré de dire que le e-commerce pèse lourd, très lourd… Et le récent contexte pandémique a de façon éminente contribué au développement des marketplaces, ou places de marché, qu'elles soient déjà installées dans le paysage ou émergentes.
Commençons d'abord par les chiffres. Selon la répression des fraudes, plus de 60 % des 129 tests de produits effectués issus de 10 marketplaces distincts n'étaient pas conformes. Si l'on procède au découpage de cette année, on s'aperçoit que 28 % des tests (41 produits) ont abouti à une « non conformité » et 32 % (35 produits) à une « non conformité » à laquelle on associe aussi une « dangerosité ». Ayons donc conscience que 3 produits sur 10 testés sont potentiellement « dangereux », un chiffre effarant.
Pour mener sa dernière enquête, la DGCCRF s'est intéressée à certaines catégories de produits. Elle a par exemple ciblé des crèmes cosmétiques à visée éclaircissante, des bijoux fantaisie, des détecteurs et avertisseurs autonomes de fumée, des adaptateurs de voyage multiples, des jouets d'éveil et/ou en plastique, des articles de puériculture comme des matelas à langer, des transats de bain ou des sucettes, et des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro.
Sur ces produits, la répression des fraudes et le Service commun des laboratoires (SCL) ont recherché la présence de métaux lourds, d'éléments trop facilement détachables, de substances interdites ou d'une éventuelle trop grande sensibilité au feu et à la puissance acoustique. Évidemment, tout dépendait de la catégorie.
Carton (tristement) plein pour les détecteurs de fumée, tir groupé pour les adaptateurs électriques
Avec un taux de manquement de 60 % sur les 129 produits testés, la DGCCRF évoque des résultats bien supérieurs à ceux obtenus habituellement dans des enquêtes ciblant les mêmes produits dans des canaux de distribution plus traditionnels, comme les grandes surfaces. Il ne s'agit évidemment pas d'une bonne publicité pour les plateformes de vente en ligne, vous l'aurez compris.
Dans le détail, la répression des fraudes nous apprend qu'au moins 20 % des produits testés proviennent d'Asie. Elle indique aussi n'avoir pu déterminer la provenance de 40 % des produits testés. Les bijoux (38 % non conformes et dangereux) et les produits cosmétiques (21 % non conformes pour défaut d'information lié à des allergènes odoriférants) font partie des catégories les plus épinglées. Il en va de même que les produits de construction (les fameux détecteurs de fumée) qui réussissent l'exploit d'avoir 100 % de non conformité (dont 5 sont non conformes et dangereux sur les 9 testés), exploit imité par les produits médicaux testés (test d'ovulation et tests de grossesse).
Tous ces produits n'auraient donc jamais dû se retrouver en vente en ligne. On notera tout de même que les détecteurs de fumée ont été épinglés pour ne pas s'être déclenchés en présence de fumée, ce qui est quand même un peu leur fonction de base, alors que les produits médicaux ne souffraient, eux, « que » d'un défaut d'information et d'anomalie de marquage.
Les jouets suscitent aussi l'inquiétude des autorités, car sur les 36 analysés, 58 % ont été déclarés non conformes et 23 %, dangereux. Le SCL a relevé des risques de suffocation ou de strangulation sur des déguisements ou des peluches, risques liés à la présence d'éléments facilement détachables. 13 des 15 adaptateurs électriques testés sont considérés comme dangereux, les autres étant non conformes.
Des marketplaces épinglés malgré leur engagement auprès de la Commission européenne
Si les marketplaces sont responsables, la DGCCRF pointe d'abord du doigt les vendeurs tiers étrangers, qui jouent sur la notoriété et la popularité de certaines plateformes auprès des consommateurs français pour les aider à mener des transactions. La répression des fraudes n'épargne cependant pas les places de marché et rappelle que 6 d'entre elles (sur les 10 contrôlées) s'étaient engagées auprès de la Commission européenne à respecter une liste de 12 principes destinés à renforcer la sécurité des produits proposés à la vente.
Selon la DGCCRF, toutes les plateformes, sauf une, ont affiché une réelle réactivité après saisine. La place de marché incriminée a ainsi dû être relancée à deux reprises pour retirer deux annonces particulières.
Source : DGCCRF