« Quelle est la situation aux Etats-Unis ? Il y a, effectivement, moins de concurrence, et un mouvement de concentration des opérateurs a eu lieu. Quel est le résultat ? En 10 ans, la destruction de 400 000 emplois, soit 30 % des effectifs du secteur », explique Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep.
En évoquant l'exemple américain, le responsable du régulateur des Télécoms tient à rappeler que si le modèle français n'est pas parfait, il permet néanmoins d'éviter que l'Economie des Télécoms n'encaisse des coups trop brutaux. Pour rappel, en France, l'Etat détient un monopole sur, par exemple, les fréquences. Un droit d'utilisation sur ces dernières est alors octroyé aux opérateurs afin qu'ils puissent déployer leurs antennes et proposer leurs offres à destination des professionnels et du grand public.
La concurrence entre opérateurs est donc encadrée. Suite à l'arrivée de Free Mobile, certains acteurs majeurs du secteur avaient pourtant critiqué l'attitude de l'Arcep. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement Productif a ainsi estimé que : « l'Arcep fait des choix politiques en lieu et place du politique. L'Arcep s'intéresse exclusivement à la concurrence sans limite. Or, que je sache, le secteur des télécommunications n'est pas mondialisé. Il utilise en outre le domaine public hertzien ! Comment donc avons-nous trouvé le génie de mener la concurrence du marché à un tel point qu'il s'autodétruit ? ». Le ministre souhaitait alors « remettre de l'ordre dans les télécoms » en s'interrogeant sur le rôle que tient l'Arcep.
De son côté, Jean-Ludovic Silicani tient à préciser qu' « au cours de ces 15 ans, l'emploi dans les TIC est passé d'environ 300 000 à près d'un million de personnes en France ! Quel autre secteur a connu un tel succès ? En définissant et en sécurisant le cadre juridique des déploiements, les régulateurs des télécoms ont facilité l'investissement dans les réseaux, notamment dans les nouveaux réseaux, qui sont pourvoyeurs d'un nombre considérable d'emplois, puisque 75 % des dépenses sont constituées par de la main-d'œuvre et que celle-ci est localisée sur le territoire ».
Pour l'instant, le gouvernement n'a pas répondu à cette contre-charge menée par le régulateur des Télécoms. Il doit par contre, au sujet de l'emploi dans les Télécoms, recevoir les syndicats des opérateurs mobiles SFR et Bouygues Télécom afin d'évoquer avec eux les plans de départs volontaires récemment annoncés.