En 2025, 20% des tâches seront automatisées et plus de 3 millions d'emplois seront détruits. Le chômage atteindra 18% de la population. C'est là le joyeux scénario envisagé par le cabinet Roland Berger, à l'origine d'une étude visant à quantifier l'impact du numérique et de la robotique sur l'emploi en France.
Précisant toutefois qu'il ne s'agit que d'une hypothèse, les chercheurs expliquent que presque tous les secteurs pourraient être touchés. Seules l'éducation, la santé et la culture se verraient épargnées car ces domaines sont difficilement automatisables. Dans le même temps, 500 000 postes seraient potentiellement créés dans les domaines de l'environnement, des nouvelles technologies et de la relation client. Bien trop peu au regard des pertes prédites.
Par ailleurs, « (la robotisation) va toucher les classes moyennes, y compris les classes moyennes supérieures (...) C'est-à-dire certaines professions intellectuelles, dont on va pouvoir automatiser certaines tâches, comme les comptables, les juristes, les journalistes... La machine saura faire sans l'homme à très court terme », pense Hakim El Karoui, en charge de l'étude.
Mais ce scénario n'a pas que des inconvénients. La numérisation de l'économie pourrait générer 30 milliards d'euros de recettes publiques et 30 milliards d'euros d'investissement privés supplémentaires, en raison des économies réalisées grâce aux robots. Le pouvoir d'achat des Français pourrait aussi augmenter de 13 milliards d'euros.
Du moins, à condition que la France s'adapte aux mutations induites par le numérique. Selon les chercheurs, il faudrait une « stratégie volontariste » de la part des pouvoirs publics pour réformer le système fiscal. Car actuellement, celui-ci ne ponctionnerait et ne redistribuerait pas correctement les richesses générées par le secteur du numérique.
L'hypothèse se veut « volontairement alarmiste », comme l'indique Hakim El Karoui, à 20 Minutes. Pour ce dernier, la menace de l'automatisation sur l'emploi est bien réelle : « Il faut prendre conscience que c'est une réalité. (...) Et être volontairement alarmiste et bien mesurer le risque ».
Au mois de juillet, le groupe industriel taïwanais Foxconn annonçait qu'il allait déployer 10 000 robots sur les chaînes d'assemblage de l'iPhone 6. En 2011 déjà, le patron de la société affirmait vouloir remplacer ses employés par un million de robots, moins chers et plus productifs. Une information qui va dans le sens de l'étude.