Dans les dix compétences les plus recherchées chez les développeurs informatiques on trouve, dans l'ordre, les langages Java, PHP, C et .NET, selon une étude publiée fin janvier par Cap Digital. Mais demain ? Pour les initiés, la question de la formation en continu est une tarte à la crème mais pour les étudiants se lançant dans une formation informatique, c'est un aspect qu'ils doivent considérer dès le début, pour ne pas être déçus.
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Au dernier trimestre 2014, le volume d'offres d'emplois de développeurs était 19% supérieur qu'un an auparavant. C'est ce genre de chiffre qui incite à se lancer dans cette filière, avec la quasi-promesse d'un emploi au sortir de son master, mais aussi à dire que c'est un métier d'avenir. Il faut pourtant garder à l'esprit que le métier tel qu'il est abordé au début de ses études aura déjà changé de forme cinq ans plus tard.
Dans le Web, cela bouge sans cesse
Daniel Cohen-Zardi, président de l'association Fier d'être développeur, souligne que « c'est particulièrement vrai dans le développement Web, où les lignes bougent sans cesse, et surtout dans les logiciels utilisables en service cloud (SaaS) ». Sébastien Dherines, responsable de la communication de l'école Supinfo, rappelle que tous les dix ans environ, une nouvelle technologie bouleverse l'informatique et les langages sous-jacents.Supinfo offre une base en maths, réseaux, développement et base de données à ses étudiants, mais « à eux ensuite de les consolider avec du travail personnel et lors de leurs stages en entreprise », affirme-t-il. « Dès qu'ils sont diplômés, en moyenne à l'âge de 23 ans, ils doivent entamer une veille qu'ils ne quitteront plus, se procurer des ouvrages de formation, ne pas hésiter à utiliser des MOOC et à échanger avec des confrères. »
Il en va de l'employabilité future du développeur. Dans une société de services, comme Capgemini, CGI ou Accenture, des programmes de suivi de carrière et de formation individuelle sont intégrés et assurent de façon indirecte cette employabilité - même si ces cours se font trop souvent, au dire de développeurs, les soirs et les weekends, rendant la formation complexe. Mais selon Supinfo et Fier d'être développeur, de plus en plus de diplômés aspireraient à l'aventure en troquant cette structure sécurisante pour une start-up.
Les start-up veulent des profils agiles
Dans ce contexte, il n'y a pas ou peu de filet. L'évolution de la carrière du développeur est-elle pour autant menacée ? Risque-t-il de s'enfermer dans quelques technologies et, une fois les belles années passées, devenir moins employable ? A en croire Théo Carrive, responsable technique de la start-up Polabox, et qui gère une équipe de dix développeurs, ce genre de structure va d'abord se tourner vers des profils « qui ont une pédagogie, qui comprennent les enjeux business, savent bien communiquer et sont polyvalents ».Une start-up n'aurait pas les moyens financiers ni techniques de faire de la gestion de projets lourde, donc elle a besoin de profils ouverts aux autres métiers (le marketing, le design, l'IT...) afin de discuter avec eux, « d'éliminer les frictions » et d'être associés en amont aux réflexions. « Lorsqu'un développeur prend part à la conception du produit dès le début, c'est plus rapide ensuite de corriger un bug plutôt que de repasser par l'intermédiaire de la gestion du projet », constate Théo Carrive, qui prône la méthode agile et le DevOps.
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Comme si se mettre à la page des nouvelles technologies ne suffisait pas, il faudra donc savoir s'adapter aux nouvelles méthodes de travail, qui tendent à impliquer de plus en plus le développeur dans la conception du produit, et non plus simplement dans celle d'un programme, « deux choses bien différentes », précise Daniel Cohen-Zardi. Lui se dit « autodidacte » et considère que l'apprentissage permanent est un « état d'esprit ».
Les développeurs sont-ils condamnés à s'ouvrir à tout ce qui se présente à eux pour autant ? Un étudiant passionné de C, C++ et C# peut trouver son salut chez les éditeurs de logiciel, conseille le président de Fier d'être développeur, où « l'on travaille plus en profondeur, proche des moteurs, contrairement au Web ». D'après le dernier baromètre du Syntec Numérique, 56% des éditeurs prévoient d'embaucher dans les mois à venir (contre 63% un an plus tôt), et huit éditeurs sur dix prévoiraient d'investir dans de nouveaux projets.
La bonne posture pour aborder le métier de développeur est unanimement celle de l'ouverture constante aux innovations et de la curiosité. Selon les acteurs du secteur, c'est le meilleur gage d'employabilité.
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