Vrai mais à nuancer (vivant moi-même au Canada et ayant de la famille aux États-Unis aussi).
Le modèle économique est difficile à comprendre et est tout à fait débattable, mais il se résume à cela :
- le système mesure la capacité d’un individu à s’endetter et rembourser à temps ses emprunts. Un score existe donc pour chaque personne. C’est ce que l’on appelle la cote de crédit. C’est un historique qui suivra l’individu tout au long de sa vie (dossier de crédit).
- Plus le score est élevé, plus cela signifie que l’individu a la capacité à correctement gérer son budget sans pénalité régulière (défaut de paiement, retard de paiement, etc.).
- Cette cote de crédit est consultable par l’individu et des organismes publics ou privés sur leur demande. Ces organismes ne voient qu’une partie du dossier et ne montre que la façon dont la personne paie ses dettes.Toute consultation est annotée dans le dossier (traçabilité). Par exemple :
- la personne souhaite s’acheter un bien immobilier ou une voiture. Il demande un crédit. Les institutions financières accéderont à son dossier et établiront la solvabilité de la personne pour prendre leur décision.
- la personne souhaite louer un appartement / maison. Le propriétaire, avec accord de la personne, peut demander à avoir accès à son dossier pour définir si la personne est à risque ou non.
- la personne souhaite ouvrir un compte téléphonique ou internet, une assurance, un nouveau compte bancaire (etc.). Même contexte.
Ce modèle économique se base sur les principes du libéralisme (anglo-saxon) : l’achat régulier de biens de consommation permet à l’ensemble de l’économie d’entretenir une « roue vertueuse » en incitant les industries à toujours innover / produire (pour répondre à la demande).
Et pour que les citoyens puissent consommer (sainement), il faut donc qu’ils aient les moyens d’acheter ces produits. Quant à l’État, il se sert à travers les impôts et taxes des deux côtés (particulier et privé).
Si l’une des 3 variables ne « joue » pas le jeu ou tire trop la corde, le système déraille progressivement. Comme lors de la crise des subprimes.
Donc oui, les nord-américains sont éduqués pour ne pas avoir peur de consommer et de s’endetter. Mais « vivre à crédit » ne signifie pas forcément vivre au dessus de ces moyens. De même que lorsque les nord-américains parlent « épargne », il s’agit davantage de fonds d’investissements boursiers plutôt que dans un compte bancaire d’épargne classique.
Pour revenir à la nouvelle
Pour Meta, un endettement de 10 milliards n’est pas grand chose en réalité pour eux. C’est un risque tout à fait contenu. En 2021, ils ont fait 40 milliards USD de revenu net pour un chiffre d’affaire de 118 milliards.
Dans les dernières années, il y a eu un grand mouvement de la part des compagnies hi-tech anglo-saxonnes de ne plus faire d’emprunts afin d’être autonome financièrement (et donc garder le contrôle de leurs opérations et stratégies).
Le fait de demander ce type de crédit n’est pas un indicateur de la bonne ou mauvaise santé de cette entreprise. Ce qui a baissé pour la 1ère fois depuis sa création est qu’au Q2 2022, ils ont eu une baisse de 1% de leur chiffre d’affaire.
Par contre, Meta se sait sur la pente décroissante et doit se trouver un nouveau marché suffisamment rentable. Elle imagine le « Metavers » comme sa porte de salut. Alors… Meta propose de partager ce risque avec des investisseurs externes.