Coronavirus : le gouvernement dénonce des pressions "inacceptables" d'Amazon sur ses salariés

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 19 mars 2020 à 18h15
Amazon

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, dénonce l'attitude du géant du e-commerce, qui refuserait de payer ses salariés en cas d'absence liée au Covid-19.

En pleine crise sanitaire sur fond de coronavirus, les employés de plusieurs entrepôts français d'Amazon ont fait valoir leur droit de retrait pour « danger grave et imminent » cette semaine, du fait des conditions sanitaires dans lesquelles ils travaillent, qui les exposent particulièrement à une contamination potentielle. Selon les syndicats, la réponse du e-commerçant serait sans détour : toute absence ne sera pas rémunérée. Amazon apporte quelques précisions, que vous pouvez retrouver en fin d'article.


La médecine du travail aurait demandé la fermeture d'un entrepôt Amazon... toujours ouvert

Des salariés issus de plusieurs sites français d'Amazon se mobilisent contre les conditions de sécurité mal appliquées sur leur lieu de travail : de l'entrepôt de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) à celui de Montélimar (Drôme) en passant par ceux de Saran (Loiret) et de Lauwin-Planque (Nord), les employés veulent faire valoir leur droit de retrait, et demandent à leur employeur de tenir compte de l'urgence sanitaire.

Selon l'Union syndicale Solidaires Nord, « la médecine du travail a demandé la fermeture de l'entrepôt de Lauwin-Planque d'Amazon ». Toujours selon le syndicat, la direction aurait décidé de faire « la sourde oreille » et de maintenir son activité.

Le problème, c'est que le maintien de cette activité passe par une certaine pression dénoncée par les syndicalistes et salariés. La direction pousserait en effet son personnel à venir sur place pour préparer les commandes, et ce malgré un droit de retrait brandi.

Celui-ci prévoit, selon les dispositions de l'article L4131-1 du code du travail, que « le travailleur alerte immédiatement l'employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu'elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu'il constate dans les systèmes de protection ».


Bruno Le Maire s'insurge contre Amazon

L'Union syndicale Solidaires Nord affirme avoir reçu une réponse ferme d'Amazon, en indiquant que les travailleuses et travailleurs qui exerceraient ce fameux droit « seront considérés en absences injustifiées ». Autrement dit, si les salariés qui ne viennent pas sur leur lieu de travail ne seront pas licenciés ni sanctionnés, ils ne seront pas rémunérés.

Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a réagi à la situation au micro de France Inter, en dénonçant avec fermeté des « pressions inacceptables ». Et le membre du gouvernement de poursuivre : « Nous le ferons savoir à Amazon ».

Clubic a contacté la direction d'Amazon France pour en savoir plus et ainsi la laisser s'expliquer sur cette position délicate, dans le sens où son activité ne paraît pas véritablement indispensable, à première vue, à la continuité de la vie de la nation en temps de crise.



Amazon maintient le salaire de ses employés en quarantaine

«  La santé et la sécurité de nos salariés restent nos priorités absolues. Nous respectons tous les droits de nos salariés, dont le droit de retrait. Nous avons pris des mesures fortes pour assurer la sécurité sur nos sites et continuons à ajuster nos processus en appliquant strictement les recommandations du gouvernement et des autorités sanitaires locales, accompagnant l'adoption immédiate de toute nouvelle consigne par nos salariés », nous explique un porte-parole.

Concernant les salariés qui feraient état de certains symptômes, Amazon les invite à consulter un médecin. La société nous indique par ailleurs maintenir le salaire des personnes en quarantaine et facilite la pose de congés, en cas de suspicion de coronavirus.

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Amazon respecte les recommandations sanitaires du gouvernement
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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TotO

S’ils veulent rester ouvert, qu’ils s’adaptent pour fournir des produits de première nécessité… Sinon, que le gouvernement réquisitionne leurs infrastructures pour le faire en prévision du pire.

Azarcal

Bah une amende de 200 000€ par jour, jusqu’a l’obtention de la fermeture du site ?

linkin2

s’il n’y avait qu’Amazon malheureusement

BraveHeart

« ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection »…le gouvernement ne manque pas d’air…il expédie sans protection réelle les professionnels de santé s’occuper des infectés déclarés, sans masques efficaces, et a le toupet de faire la morale à Amazon face à de potentiels cas…si les professionnels de santé dont je fais partie exerçaient leur droit de retrait devant les conditions de travail réelles imposées par l’incurie du gouvernement…car le grand public ne sait pas que nous allons au casse-pipe car rien n’a été prévu…

Niark_Ozzy

En réalité il vient chouiner à la radio parce qu’il sait très bien qu’Amazon applique les textes et qu’il ne peut rien y faire.

La médecine du travail ne peut rien faire fermer, ce n’est pas leur rôle et elle n’a aucune prérogative de ce type : c’est uniquement du conseil.
Il faut saisir l’inspecteur du travail pour faire fermer un site ou faire constater un manquement à la sécurité.

idem pour le droit de retrait : Le salarié doit être présent dans l’enceinte de l’entreprise pour l’exercer, sinon c’est une absence injustifiée.

dura lex, sed lex.

pacpac33

Je ne travaille pas chez Amazon mais ma boite (industrie aéronautique) est toujours ouverte donc je vais travailler. A part du gel et des consignes de respect des distances de sécurité rien à changé. Donc ce n’est pas qu’Amazon qui est en cause, si le gouvernent crie sur Amazon qu’il s’en prenne à tous ceux qui font travailler leurs employés…et pas qu’Amazon le bouc émissaire de service dès que qqc ne va pas dans ce pays

mathojojo57

Enfin, il y a une différence entre « mettre des personnes en danger » pour continuer de commercer et faire du pognon (Amazon), et « mettre des personnes en danger » pour sauver des vies (personnels soignants réquisitionnés).

Donc, je comprends la position du gouvernement envers Amazon. Et les conditions de travail dont tu parles sont les même ou presque dans tous les pays du monde. C’est la crise pour tout le monde, et obligatoirement c’est géré à l’arrache (si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas une crise).

BraveHeart

Grande méconnaissance des procédures…les employés ont un risque potentiel…les professionnels eux sont volontairement mis en danger en se basant sur leur altruisme et leur vocation…en dernière new, un collectif de médecins vient de porter plainte contre Buzyn et Philippe… je viens de faire des courses chez Casino , les employés avaient du SHA et des FFP2, nous n’avons, personnels soignants, rien de tout cela…on expédie au front des soldats sans armes ni armures…alors le coup de reprocher à Amazon ses procédures alors qu’on fait mille fois pire…

manu0086

Ce qui est marrant, c’est que d’un côté, il gueule contre Amazon et de l’autre exhorte les entreprises à continuer de travailler… car ils se sont rendu compte que trop d’entreprises à l’arrêt, ça fout l’économie en l’air…

BraveHeart

Pure démagogie de la part du ministre…et pendant ce temps on exhorte les professionnels de santé à solliciter agriculteur, boucher, peintres…pour chercher des masques et charlottes car il n’y en a pas pour les soignants…on n’a pas de stock, on a tout refilé à la Chine…nous sommes totalement à poil et personne ne s’en émeut…les éternels sacrifiés car 'ils font leur métier par vocation".

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