Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, dénonce l'attitude du géant du e-commerce, qui refuserait de payer ses salariés en cas d'absence liée au Covid-19.
En pleine crise sanitaire sur fond de coronavirus, les employés de plusieurs entrepôts français d'Amazon ont fait valoir leur droit de retrait pour « danger grave et imminent » cette semaine, du fait des conditions sanitaires dans lesquelles ils travaillent, qui les exposent particulièrement à une contamination potentielle. Selon les syndicats, la réponse du e-commerçant serait sans détour : toute absence ne sera pas rémunérée. Amazon apporte quelques précisions, que vous pouvez retrouver en fin d'article.
La médecine du travail aurait demandé la fermeture d'un entrepôt Amazon... toujours ouvert
Des salariés issus de plusieurs sites français d'Amazon se mobilisent contre les conditions de sécurité mal appliquées sur leur lieu de travail : de l'entrepôt de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) à celui de Montélimar (Drôme) en passant par ceux de Saran (Loiret) et de Lauwin-Planque (Nord), les employés veulent faire valoir leur droit de retrait, et demandent à leur employeur de tenir compte de l'urgence sanitaire.Selon l'Union syndicale Solidaires Nord, « la médecine du travail a demandé la fermeture de l'entrepôt de Lauwin-Planque d'Amazon ». Toujours selon le syndicat, la direction aurait décidé de faire « la sourde oreille » et de maintenir son activité.
Le problème, c'est que le maintien de cette activité passe par une certaine pression dénoncée par les syndicalistes et salariés. La direction pousserait en effet son personnel à venir sur place pour préparer les commandes, et ce malgré un droit de retrait brandi.
Celui-ci prévoit, selon les dispositions de l'article L4131-1 du code du travail, que « le travailleur alerte immédiatement l'employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu'elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu'il constate dans les systèmes de protection ».
Bruno Le Maire s'insurge contre Amazon
L'Union syndicale Solidaires Nord affirme avoir reçu une réponse ferme d'Amazon, en indiquant que les travailleuses et travailleurs qui exerceraient ce fameux droit « seront considérés en absences injustifiées ». Autrement dit, si les salariés qui ne viennent pas sur leur lieu de travail ne seront pas licenciés ni sanctionnés, ils ne seront pas rémunérés.Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a réagi à la situation au micro de France Inter, en dénonçant avec fermeté des « pressions inacceptables ». Et le membre du gouvernement de poursuivre : « Nous le ferons savoir à Amazon ».
Clubic a contacté la direction d'Amazon France pour en savoir plus et ainsi la laisser s'expliquer sur cette position délicate, dans le sens où son activité ne paraît pas véritablement indispensable, à première vue, à la continuité de la vie de la nation en temps de crise.
"Ces pressions sont inacceptables et nous le ferons savoir à Amazon", a déclaré M.Le Maire sur France Inter, alors que des salariés d'Amazon ont fait valoir un droit de retrait pour "danger grave et imminent" en raison des conditions sanitaires dans lesquelles ils travaillent#AFP
— Agence France-Presse (pfr) March 19, 2020
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Amazon maintient le salaire de ses employés en quarantaine
« La santé et la sécurité de nos salariés restent nos priorités absolues. Nous respectons tous les droits de nos salariés, dont le droit de retrait. Nous avons pris des mesures fortes pour assurer la sécurité sur nos sites et continuons à ajuster nos processus en appliquant strictement les recommandations du gouvernement et des autorités sanitaires locales, accompagnant l'adoption immédiate de toute nouvelle consigne par nos salariés », nous explique un porte-parole.Concernant les salariés qui feraient état de certains symptômes, Amazon les invite à consulter un médecin. La société nous indique par ailleurs maintenir le salaire des personnes en quarantaine et facilite la pose de congés, en cas de suspicion de coronavirus.