Crédits : Lauren DeCicca/Getty Images
Crédits : Lauren DeCicca/Getty Images

L’affaire a été dévoilée par Reuters. Lundi dernier, Google a retiré de Google Maps deux cartes My Maps utilisées pour répertorier, traquer et possiblement cibler des opposants à la monarchie.

Une « opération de guerre psychologique » qui n’a pas du tout plu au géant de l’informatique américain.

Du doxxing au plus haut niveau

L’enquête menée par Reuteurs est édifiante. Plusieurs centaines de personnes considérées comme des activistes ou des opposants à la monarchie au pouvoir en Thaïlande ont vu leurs données personnelles, photos et adresses épinglées sur des fichiers My Maps intégrés à Google Maps. À l’origine, la fonctionnalité My Maps avait pour but de pouvoir créer et partager des itinéraires et autres points d’intérêts directement sur Google Maps, à des fins de loisirs ou de tourisme principalement.

Mais l’usage en a été largement détourné par des militants royalistes et d’extrême droite thaïlandais, qui ont méticuleusement dressé des listes d’opposants politiques. Un terme qui désigne ici n’importe quelle personne ayant exprimé la moindre insulte ou critique vis-à-vis de la monarchie, parfois sur simple dénonciation anonyme.

Bien entendu, une telle campagne déroge à toutes les règles d’utilisation du service Google Maps, de sorte que Google a rapidement supprimé les deux fichiers My Maps incriminés après avoir été informé de la situation.

Google marche sur des œufs

Mais pour les activistes pro-gouvernement, l’opération décrite comme une manœuvre de guerre psychologique est un succès. En effet, les cartes auraient déjà été visionnées plus de 350 000 fois. Si aucun appel à la violence ou au harcèlement n’a été fait publiquement par les créateurs des fichiers, on se doute toutefois que les risques sont déjà bien réels pour les quelque 500 personnes listées, en majorité des étudiants.

Ce n’est pas la première fois que des outils numériques et des plateformes de réseaux sociaux sont massivement utilisés à des fins d’insurrection, ou de contre-insurrection. Ce cas de figure, cependant, touche de près au fond de commerce de Google, et aux critiques qui sont souvent soulevées à l’égard du géant américain : la collecte et la protection des données personnelles.

Ici, la firme de Mountain View n’a pas grand-chose à se reprocher : les données personnelles ont été compilées et intégrées dans My Maps manuellement, et Google a réagi rapidement après avoir constaté que ses conditions d’utilisation n’avaient pas été respectées. Mais on se doute que Google et sa maison-mère Alphabet souhaitent éviter, autant que possible, tout amalgame autour de ces thématiques bien précises.

Source : Reuters