Si les applications en ligne intégrées à ses « Apps » ont longtemps paru bien modestes au regard des solutions logicielles on premise, Google a depuis plusieurs années entrepris d'étoffer de façon significative ses outils, et dispose aujourd'hui d'une offre suffisamment mature pour intéresser le marché entreprise, comme en témoignent les contrats passés avec quelques (très) grands comptes comme Roche ou BBVA.
A en croire Amit Singh, vice président en charge de la division Google Entreprises, il n'est certainement pas question de réduire la cadence, bien au contraire : le numéro un mondial de la recherche en ligne s'estime en effet en mesure d'aller chercher les 90% d'utilisateurs de Microsoft Office qui n'ont pas vraiment besoin, au quotidien, des fonctions avancées des logiciels de la suite. Interrogé par All Things D, celui-ci réaffirme sans ambages les ambitions de Google en la matière, tout en glissant quelques tacles appuyés aux efforts de son concurrent Microsoft.
En quelques mots ? Pour Amit Singh, Google Apps a comblé son retard en matière de compatibilité avec les documents émanant de Microsoft Office et pour un usage standard, on ne verra bientôt plus la différence entre le tableur en ligne de la firme de Mountain View et le vénérable Excel. La proposition de valeur serait donc largement suffisante pour aller chercher ces 90% d'utilisateurs, les 10% restants devant logiquement rester sur les applications bureautiques conventionnelles.
L'intéressé ne peut ignorer que Microsoft a lui aussi entrepris de développer une offre « Web Apps », accessible via le navigateur, mais l'éditeur de Redmond mènerait selon une politique tarifaire susceptible de desservir ses efforts en la matière. « Nous nous sommes fixés au palier des 50 dollars pour les apps depuis un moment (NDR : Google Apps est facturé aux entreprises 50 dollars par utilisateur et par an), tout en améliorant la profondeur et l'épaisseur de notre solution. De l'autre côté, la façon dont ils (Microsoft) incitent leurs clients à basculer est de les facturer plus cher », lâche Amit Singh, faisant vraisemblablement référence aux nouveaux tarifs attendus pour le lancement d'Office 2013 et de ses déclinaisons en ligne, via Office 365.
La menace a sans doute bien été perçue chez Microsoft, qui a répondu à la généralisation du payant sur Google Apps par une extension de la gratuité d'Office 365 en période d'essai (90 jours désormais contre 30 auparavant). Quelle que soit son importance, l'éditeur de Redmond ne manque toutefois pas d'arguments à faire valoir, particulièrement depuis le rachat de Yammer et son intégration progressive à Sharepoint qui lui permettent de proposer aux entreprises une offre bien plus complète que celle de Google. Une chose est sure : entre un Google qui doit multiplier ses sources de revenus pour ne pas voir sa croissance reposer sur la seule publicité, et un Microsoft désireux de protéger ce qui constitue encore aujourd'hui sa première ligne de recettes, la bataille sera rude !