Google va tenter d'enrayer le "revenge porn"

Thomas Pontiroli
Publié le 22 juin 2015 à 13h10
Les victimes de « vengeance pornographique » (« revenge porn ») auront leur propre droit à l'oubli, sur Google en tout cas. Le moteur de recherche disposera d'un formulaire pour couper l'accès aux contenus explicites non désirés.

C'est une avancée pour les victimes de « vengeance pornographique ». Google a annoncé en fin de semaine dernière la possibilité à venir de lui réclamer le déréférencement de contenus sexuellement explicites qui ont été publiés sur Internet sans le consentement de la personne concernée. Cette pratique, condamnable, consiste à diffuser des photos ou vidéos intimes de son ex-partenaire - le plus souvent, une femme selon Google - à des fins de vengeance.

« Nous avons entendu parler de nombreuses histoires de "revanche pornographique" où une personne cherche à humilier publiquement son ex-partenaire et publie des contenus intimes », déplore sur le blog officiel de Google, Amit Singhal, l'un des responsables du moteur de recherche. Il dénonce aussi les pirates qui parviennent à voler ces images et vidéos, puis les partagent sur le Web.

Couper l'accès sur demande

Dans ce cas, la suppression des contenus est parfois conditionnée à un paiement forcé de la part de la victime. On parle de « sextorsion ». Mais rien ne garantit que d'autres internautes n'aient pas déjà copié les contenus, pour les diffuser ailleurs. Face à ce fléau, Google ne peut pas promettre de suppression mais se propose - comme avec le droit à l'oubli - de couper l'accès via son moteur de recherche.



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Un Français sur trois de 18 à 24 ans a déjà partagé une photo explicite - Crédit : Artur Marciniec (Fotolia).


« Notre philosophie a toujours été de refléter le Web dans son entièreté, souligne Amit Singhal. Mais la vengeance pornographique (...) ne sert qu'à dégrader les victimes. » Ainsi Google s'engage à honorer les demandes de déréférencement de contenus sexuellement explicites partagés sans consentement. À cet effet, un formulaire sera mis à disposition des victimes d'ici quelques jours, sur cette page.

Google se dit conscient que la mesure ne suffira pas à enrayer le « revenge porn », mais il espère tout de même en réduire la portée. Google est en effet l'une des principales portes d'entrée sur le Web. Avec 90,5 % de part de marché dans le monde (et 95,5 % en France), il est aussi devenu l'outil numéro un pour effectuer des recherches sur une personne (la « googler »), par exemple, en amont d'un entretien d'embauche. L'enjeu est aussi celui de l'e-réputation.

Les « sextos » se répandent

Pour que des photos ou des vidéos fuitent, encore faut-il en avoir produit. Selon une étude d'OpinionWay publiée en juillet 2014 pour l'éditeur de sécurité Kaspersky, 31 % des Français interrogés de 18 à 24 ans ont déjà échangé, sur ordinateur ou smartphones, des photos d'eux dénudés. Et 17 %, des vidéos d'eux à caractère sexuel.


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Étude OpinionWay pour Kaspersky en juillet 2014.


La pratique du « sexting », ou l'envoi de messages explicites sur mobile, a profité de l'essor de Snapchat et de ses messages à la durée de vie limitée dans le temps, mais aussi de la multiplication des applications de messagerie instantanée, comme WhatsApp ou Viber, qui constituent autant de vecteurs de partage de ces contenus.

Rappelons que l'article 226-1 du code pénal condamne jusqu'à un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende les atteintes volontaires à l'intimité de la vie privée, notamment par la fixation, l'enregistrement et la transmission de l'image d'une personne se trouvant dans un lieu privé, sans le consentement de celle-ci.

Au-delà du futur formulaire de Google, les victimes majeures peuvent porter plainte auprès de leur commissariat, et également signaler un contenu illicite sur la plateforme Point de Contact, mise en place en 1998 par les fournisseurs d'accès à Internet.



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Par Thomas Pontiroli

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