Depuis mai dernier, Google permet à ses utilisateurs d'automatiser la suppression de certaines données. Une mesure bienvenue, qui permet à la firme de se mettre (un peu) en conformité avec le RGPD.
Mais selon Fast Company, les délais de suppression automatique proposés par Google sont tout bonnement inutiles si vous souhaitez échapper au ciblage publicitaire.
Au-delà d'un mois, les données perdent de la valeur
Vous ne pensiez tout de même pas qu'une entreprise dégageant annuellement 116 milliards de dollars de la publicité allait céder si facilement devant les régulateurs, tout de même ?Via sa nouvelle fonctionnalité de suppression automatisée des données, Google propose aux utilisateurs de supprimer leur historique sur les 3 ou 18 derniers mois. Or d'après les experts interrogés par Fast Company, passé le premier mois, Google a déjà extrait tout son jus de vos données, et n'a plus rien à en retirer auprès des annonceurs.
« Tout ce qui date de moins d'un mois est extrêmement profitable », confirme David Dweck, responsable de la recherche payante pour l'annonceur WPromote.
Google vous rend le contrôle sur des données poubelle
La récence est essentielle à Google pour vendre vos données aux annonceurs.Fast Company prend l'exemple de l'immobilier pour illustrer ce propos. Mettons que vous fassiez des recherches sur des biens immobiliers. Google vous catégorisera sans doute comme un acheteur potentiel et pourra vendre ces données à des annonceurs immobiliers. Mais ce n'est pas tout. Par rebond, ces données intéresseront également des entreprises de mobilier ou de décoration, ou encore des artisans.
Les données de moins d'un mois sont donc absolument vitales dans le business model de Google. David Dweck enfonce d'ailleurs le clou concernant l'hypocrisie de la décision du géant du Web de nous « rendre » le contrôle sur ces données. « Ce n'est pas un changement fondamental, parce qu'en réalité personne n'achetait vraiment ces données ».
Twitter a utilisé des données personnelles de ses utilisateurs pour de la publicité ciblée
Pourquoi Google ne propose pas de périodes plus courtes ?
Officiellement, Google aurait mené des études qui montrent que les utilisateurs préfèrent supprimer leurs données de façon saisonnière. Comme un nettoyage de printemps, en somme. Or, nous venons de voir que se cache derrière cette décision des raisons bien plus pragmatiques pour la firme.Le mois dernier, Amazon a d'ailleurs imité son concurrent en inaugurant une fonctionnalité similaire. Fonctionnalité permettant, elle aussi, d'automatiser la suppression de son historique tous les 3 ou 18 mois.
D'après un porte-parole de la marque, le choix de ces deux périodes est entièrement au bénéfice du client. « Grâce » à une période de trois mois, l'utilisateur peut passer en revue son activité, et les parents peuvent prendre connaissance de l'historique de requêtes Alexa de leurs enfants.
Dans tous les cas, David Dweck estime que la suppression de ses données de navigation n'a finalement que peu d'importance dans le ciblage publicitaire. « Si vous recherchez des chaussures sur Google, et que vous entrez sur un site de chaussures, vous serez désormais tracké par cette marque de chaussures, peu importe si Google a purgé ou non ces données », rapporte Fast Company. « Ce ciblage sera ensuite associé avec l'appareil que vous avez utilisé, et sera donc permanent jusqu'à ce que vous achetiez un nouveau téléphone ou ordinateur ».
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Et David Dweck de conclure : « De toutes les mesures de confidentialité que j'ai pu voir chez Facebook, Google, Amazon, ou toute autre entreprise qui essaie de prouver qu'elle n'est pas si invasive que cela, cela se limite en réalité à donner l'impression qu'ils font ce qu'il faut ». Un effet de manche, en somme, destiné à ne pas ternir davantage leur image publique.
Source : Fast Company