Huawei : les USA menacent de punir l'Allemagne si elle utilise la technologie 5G chinoise

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 13 mars 2019 à 11h00
Huawei
Rad K / Shutterstock.com

Les Américains veulent clairement dissuader l'Allemagne de faire appel à la technologie Huawei en faisant poindre la menace d'une révision de leur politique de renseignement.

La pression ne retombe toujours pas dans le dossier Huawei. L'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, a adressé un courrier au ministre de l'Économie d'Angela Merkel dans lequel il prévient que si les Allemands se refusent à définitivement barrer la route à l'équipementier Huawei pour son réseau 5G, les agences américaines de renseignement partageront moins d'informations avec leurs homologues allemands.

Les USA jouent la carte du renseignement

Outre-Rhin, on hésite. Certains opposants ou membres de la frange radicale du gouvernement d'Angela Merkel veulent éjecter Huawei du réseau sans fil de cinquième génération, tandis que d'autres veulent maintenir le géant chinois par crainte d'accumuler un retard insurmontable sur la technologie et que cela ne coûte encore plus cher.

Mais les USA mettent la pression et ne veulent pas laisser le choix à la première puissance européenne. Et les enjeux sont extrêmement importants d'un côté comme de l'autre. En effet, l'Europe reste dépendante des informations communiquées par les services de renseignement américains tels que la NSA et la CIA, notamment pour mener la lutte contre le terrorisme, qui a fait des centaines de victimes sur le continent ces dernières années. La collaboration de l'Oncle Sam aurait été particulièrement précieuse pour déjouer des attentats, dont l'explosion d'une bombe biologique à la ricine à Cologne, en juin 2018.

L'Allemagne est pourtant prête à durcir sa législation et sa surveillance

Cette sortie de l'ambassadeur américain ne tient en rien au hasard. Jeudi dernier, le ministre de l'Économie allemand, Peter Altmaier, avait déclaré lors d'une émission-débat sur la ZDF ne pas vouloir interdire Huawei sur son sol. Cependant, le pays pourrait modifier la loi et renforcer la sécurité des différents équipements utiles au développement du réseau 5G. Merkel souhaite l'instauration de « garde-fous » pour éviter tout risque.

Cela ne suffit visiblement pas aux États-Unis, qui mènent une bataille de longue haleine à travers le monde pour pousser la planète entière (ou presque) à écarter les géants chinois Huawei et ZTE de l'échiquier de la 5G. Le plus inquiétant, c'est que Washington fait désormais jouer le pion du renseignement. Un jeu dangereux...

Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
Alexol

Il est clair que les USA veulent imposer leurs propres matériels pour espionner…

Ant0ine_67

des rigolos les américains, qu’ils s’occupent de eur pays et de leur mur au lieu de s’occuper de l’europe où Huawei est le numéro 1

ariakas

C’est assez drôle de lire les commentaires Clubic, la population est assez homogène: à majorité geek, bobo, mondialisé.

En attendant, les USA ont parfaitement raison. Ils ne menacent pas, ils ne font qu’émettre une constatation, les équipements chinois permettront un accès direct du gouvernement chinois à des informations cruciales.
Il est impensable de partager des informations sensibles si les chinois ont un accès direct.
Ce n’est pas possible.
C’est comme laisser sa clef de maison à un mec sortant de prison et connu pour cambriolages répétés sous pretexte que l’agence immobilière a déja un double.
Y’a des limites à la bétise.

jcc137

Ca reste tout aussi drôle de croire qu’il n’y a qu’avec du matériel chinois qu’on peut faire de l’espionnage.

nrik_1584

Moui… Au hasard : PRISM ? L’espionnage des conversations privées de la chancelière (qui lui avait soudainement fait changer de ton concernant PRISM d’ailleurs) ?

Qu’ils soient méfiants est une chose, qu’ils cherchent à imposer par le chantage des décisions leurs appartenant sur des territoires autres que le leur en est une autre…

K4minoU

il y a juste un point qui est peut-être bon de relever…

tout n’est basé que sur des suppositions, des allégations, autrement dit, aucune preuve directe ou indirecte jusqu’à maintenant.

on a plutôt l’impression, en restant neutre, que Trump cherche des poux aux chinois.

ce qui me désolé sincèrement, c’est que l’on puisse mettre en balance des vies humaines en refusant de partager des informations sur les terroistes avec des simples suppostions…

donc si tu relis bien, ils font bien des menaces les américains, ils menacent de ne plus partager leurs informations contre le terrorisme (ou alors je comprends mal la définition, au quel cas, peut-être que tu voudrais bien m’éclairer?)

Alexol

Et laisser les infos aux américains également dans le cas inverse ?!

Il vaut mieux un parc matériel diversifié qu’un parc matériel entièrement américain ou chinois…

jmtabesse

Nous sommes dans une guerre “d’intelligence économique” sous forme d’espionnage. Nous n’avons (surement) même pas idée de ce qui se trame là dessous tellement notre monde dérive dans l’espionnage, etc …
N’oublions pas que sous Clinton (celui qui avait le caleçon sur ces chevilles), son staff a purement pillé (méthodiquement) les principales technologies mondiales pour qu’elles soient propriétés des USA. Méthode habituelle utilisée : on coince les cadres dirigeants, on les enferme, et on négocie la liberté contre le rachat ou la prise de contrôle de l’entreprise. L’extradition de la “Fille” Huawei est typiquement dans ce sens. C’est très très très simplifié car ce n’est pas l’endroit pour tout développer ces histoires.
Bref, nous on est petit et insignifiant dans ces jeux de guerre. Puisque L’EU doit prendre des décisions à l’unanimité, il est facile d’acheter un pays à coup de $ pour qu’il pose son veto. (exemple avec les pesticides et Mosanto, l’interdiction USA avec l’IRAN, Galileo le GPS européen … Donc l’EU ne vaut rien dans ce jeu des grands cars il suffit de corrompre 1 pays pour 1 décision.
Revenons à nos moutons (que nous sommes) : pour nous et l’Allemagne, il faut juste choisir qui va nous espionner. Car forcément si nous choisissons “techno chinoise” les ricains ne pourrons plus “facilement” nous snifffer nos données confidentielles… Et ça : ça les fait ch… grave !

nicgrover

Oh la vilaine fille ou le vilain garçon, l’oncle Sam va te punir… Si tu ne t’équipe pas avec le matériel américain…

Non mais il se croit tout permis le Trump of the Dead… J’attends avec impatience les résultats de la plainte d’Huawei si elle aboutit un jour…

ariakas

Mais les américains ne vont pas partager des informations sensibles si tout le monde y a accès, c’est logique !!
Et il n’y a aucun “soupçon” mais des certitudes. Huawei a été crée par un ingénieur de l’armée chinois, ça fait des années que l’on sait parfaitement l’etroite relation avec les services de renseignements chinois.
La France comme de nombreux pays n’osent rien dire car il y’a de gros contrats comme le nucléaire qui sont en jeu, mais de là à donner les clefs de la maison, il y’a un pas.

l’argument principal ici est de dire: “puisque les americains espionnent tout le monde, après tout, autant laisser faire la Chine par la même occasion”.
Sauf que l’on a plus de chance d’être en guerre économique face à la Chine qu’aux US.
Que la Chine a déja racheté le savoir faire Français avec les chantiers de Saint Nazaire via l’Italie et que la Chine n’est pas immobile dans le monde ni sans intentions contraire aux intérêts de l’Europe et donc de la France.

ça échappe ici aux gens pour qui les frontières n’ont pas d’intérêt et que nous sommes des citoyens du monde.
Mais concrètement, quand on tape dans le dur, ce n’est plus le cas. les intérêts nationaux existent, l’influence internationale existe, les frontières existent.

Non les US ne “menacent pas”, je persiste et signe. Les US disent simplement que fournir des informations à l’Allemagne par exemple, ce sera fournir la même info aux Chinois.
Donc bilan, si les US ont une info mais qu’ils ne veulent pas faire parvenir à la Chine, elle ne le fera donc plus de transmissions à ce sujet à l’Allemagne.
C’est logique et normal.
Rappelons quand même que la Corée du nord n’existe que et uniquement que parce que la Chine le veut bien et dans un objectif de contre pouvoir avec les US.
On est pas dans le monde des bisounours où chacun se tient la main vers un objectif commun.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles