Les Américains veulent clairement dissuader l'Allemagne de faire appel à la technologie Huawei en faisant poindre la menace d'une révision de leur politique de renseignement.
La pression ne retombe toujours pas dans le dossier Huawei. L'ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, a adressé un courrier au ministre de l'Économie d'Angela Merkel dans lequel il prévient que si les Allemands se refusent à définitivement barrer la route à l'équipementier Huawei pour son réseau 5G, les agences américaines de renseignement partageront moins d'informations avec leurs homologues allemands.
Les USA jouent la carte du renseignement
Outre-Rhin, on hésite. Certains opposants ou membres de la frange radicale du gouvernement d'Angela Merkel veulent éjecter Huawei du réseau sans fil de cinquième génération, tandis que d'autres veulent maintenir le géant chinois par crainte d'accumuler un retard insurmontable sur la technologie et que cela ne coûte encore plus cher.Mais les USA mettent la pression et ne veulent pas laisser le choix à la première puissance européenne. Et les enjeux sont extrêmement importants d'un côté comme de l'autre. En effet, l'Europe reste dépendante des informations communiquées par les services de renseignement américains tels que la NSA et la CIA, notamment pour mener la lutte contre le terrorisme, qui a fait des centaines de victimes sur le continent ces dernières années. La collaboration de l'Oncle Sam aurait été particulièrement précieuse pour déjouer des attentats, dont l'explosion d'une bombe biologique à la ricine à Cologne, en juin 2018.
L'Allemagne est pourtant prête à durcir sa législation et sa surveillance
Cette sortie de l'ambassadeur américain ne tient en rien au hasard. Jeudi dernier, le ministre de l'Économie allemand, Peter Altmaier, avait déclaré lors d'une émission-débat sur la ZDF ne pas vouloir interdire Huawei sur son sol. Cependant, le pays pourrait modifier la loi et renforcer la sécurité des différents équipements utiles au développement du réseau 5G. Merkel souhaite l'instauration de « garde-fous » pour éviter tout risque.Cela ne suffit visiblement pas aux États-Unis, qui mènent une bataille de longue haleine à travers le monde pour pousser la planète entière (ou presque) à écarter les géants chinois Huawei et ZTE de l'échiquier de la 5G. Le plus inquiétant, c'est que Washington fait désormais jouer le pion du renseignement. Un jeu dangereux...