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Lorsqu’un client qui représente entre 70% et 90% du chiffre d’affaires va mal, mieux vaut en trouver d’autres rapidement.

Nikon, autrefois premier fournisseur d’équipements de fabrication de semi-conducteurs au monde, ne possède maintenant plus que 7% des parts de marché de ce secteur. Le principal client de la firme nippone n’est autre qu’Intel, à qui se destinent entre 70% et 90% des machines qu’elle produit. Seulement, la société américaine n’est plus aussi demandeuse qu’à une époque. Pour cette raison, Nikon aspire à réduire sa dépendance envers Intel et à trouver de nouveaux clients, notamment grâce à une politique tarifaire agressive.

Nikon en perte de vitesse

Si Intel n’est pas au mieux, la situation n’est pas non plus idyllique chez Nikon. Son chiffre d’affaires s’effrite dangereusement : de 840 milliards de yens en 2015, il devrait plafonner à 430 milliards pour l’exercice 2020 (qui se terminera le 31 mars 2021). Nikon envisage de supprimer 2 000 emplois, soit environ 10% de ses effectifs.

En ce qui concerne sa branche fournisseur d’équipements, comme les pourcentages le montre, sa dépendance envers Intel est excessive ; depuis le début des années 2000, elle n’a cessé de s’accentuer. D’ailleurs, en 2002, lorsque Nikon a dû faire face à des difficultés financières, c’est Intel qui est venu à sa rescousse, en lui accordant environ 96 millions de dollars via des obligations.

Pas de machines EUV

Pour ne rien arranger, Nikon n’a pas pris le virage de la lithographie extrême ultraviolet (EUV). L’entreprise n’a pas jugé bon de développer des équipements de ce type, estimant l’opération non viable économiquement.

Un choix qui pourrait lui coûter cher dans les prochaines années : la demande d’équipements EUV est en forte hausse. Actuellement, la seule société qui vend de telles machines est l’entreprise hollandaise ASML.

Or, ASML approvisionne Intel en équipements EUV pour ses lignes de fabrication en 7 nm, actuellement en cours de construction. La demande d’Intel pour d’autres types de machines baisse, ce qui impacte naturellement Nikon. Résultat : la firme japonaise n’a vendu que neuf machines au cours de la période avril-septembre, deux fois moins que sur la même période en 2019.

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Un représentant de Nikon explique la conjoncture en ces termes : « Les ventes unitaires de machines de fabrication de semi-conducteurs ont fortement diminué, en partie parce que l'investissement d'un client important dans ces machines n’est plus ce qu’il était ». Forcément, l’identité du « client important » est facile à deviner.

Le marché chinois, une belle opportunité

Nikon est donc contraint d’explorer d’autres voies et de séduire de nouveaux clients. Mais là encore, les circonstances n’ont pas aidé : « Nous n'avons pas avancé aussi vite que prévu dans la conquête de nouveaux clients en raison de l'effet de la crise des nouveaux coronavirus » a déclaré Toshikazu Umatate, Président de Nikon.

Parmi les cibles de Nikon, figurent notamment des entreprises chinoises. Et pour cause : visée par les mesures prises par l’administration Trump, la Chine est contrainte d’accroître sa production nationale de semi-conducteurs ; autrement dit, de s’équiper davantage en machines de fabrication de semi-conducteurs. Pour Nikon, cela représente une belle opportunité de vendre des équipements, même si ceux-ci ne sont pas à la pointe de la technologie.

En outre, bien qu’elle ne conçoive pas de machines EUV, la société peut aussi tirer son épingle du jeu chez d’autres clients grâce à ses dispositifs de tests et ses outils de maintenance.

Ainsi, malgré des pertes estimées à 45 milliards yens sur l’exercice fiscal 2020, la branche semi-conducteurs restera l’une des rares à être bénéficiaire chez Nikon, à hauteur d’un milliard de yens environ.

Enfin, sachez que c’est surtout la division image de Nikon qui est en net recul depuis plusieurs années. Le CA pour 2020 avoisinerait les 140 milliards de yens, contre 520 milliards en 2015.

Pour tenter d’inverser la tendance, comme rapporté plus haut, la société va supprimer des emplois mais aussi transférer une partie de la production du Japon vers la Thaïlande. Elle va également concentrer ses efforts sur les appareils photo haut de gamme destinés aux professionnels.

Source : AsiaNikkei