Si Intel reste relativement épargné par la pénurie globale de semi-conducteurs, c'est parce que le groupe fabrique ses processeurs dans ses propres usines. Et justement, il prévoit toujours d'en construire une nouvelle en Europe.
Pat Gelsinger en avait déjà parlé à plusieurs reprises ces derniers mois ; à l'occasion de l'IAA Mobility Auto Show, tenu à Munich, le nouveau P.-D.G. d'Intel persiste et signe : il va faire construire une usine à 93 milliards de dollars en Europe. Un investissement colossal que le groupe américain devrait conduire sur une période totale de 10 ans, et qui a pour objectif de faire sortir de terre « la fabrique de puces la plus avancée au monde »… le tout sur le vieux continent.
Ça va arriver près de chez vous
Pour ce faire, Intel compterait notamment sur des machines à EUV (Extreme Ultraviolet Lithography) produites par le hollandais ASML, un acteur incontournable pour toute nouvelle création d'usine. Pat Gelsinger a en outre indiqué vouloir travailler avec le secteur automobile, raison de son déplacement à Munich. On imagine que l'idée serait de rafler quelques contrats au détriment de la concurrence, comme par exemple celle de NVIDIA.
Cet investissement dans une nouvelle usine s'inscrit quoi qu'il en soit dans une double logique pour Intel : prendre une mesure concrète pour éviter qu'une pénurie de semi-conducteurs, comme celle que l'on traverse depuis plus d'un an, ne lui porte un jour trop préjudice, mais aussi et surtout étendre ses capacités de production pour desservir des clients extérieurs.
Au printemps, Intel annonçait en effet qu'elle accepterait prochainement de graver des puces pour des entreprises tierces. Une nouveauté majeure pour la firme qui réservait jusqu'à présent ses capacités de production uniquement à ses propres besoins industriels. Au travers de cette évolution stratégique, Intel se placera en concurrence directe avec d'autres fondeurs, comme Samsung et TSMC.
Création de 10 000 emplois pour la nouvelle usine d'Intel
Lorsqu'elle aura ouvert, et une fois qu'elle aura atteint sa pleine capacité de production, la nouvelle usine d'Intel en Europe devrait donner du travail à quelque 10 000 employés, explique WCCFTech. Pour mettre cette usine sur les rails, Pat Gelsinger a déjà rencontré ces derniers mois les dirigeants français, allemands, belges, polonais, hollandais ou encore polonais… avec pour objectif d'obtenir un financement partiel du projet.
Pour l'instant, aucun leader européen n'a annoncé s'être mis d'accord avec Intel, mais il y a fort à parier que cela viendra assez vite. Des discussions plus avancées devraient en effet débuter dès l'année prochaine. Plusieurs prérequis sont toutefois d'actualité : le nouveau site nécessitera non seulement une grande superficie, mais aussi un approvisionnement généreux en eau, en électricité et en experts locaux.
Quant à la question du procédé de gravure employé pour les débuts de cette nouvelle usine, Intel miserait sur la technologie à « ouverture numérique élevée » proposée par les dernières machines d'ASML. Elle devrait permettre au fondeur de graver des puces en 20 angströms, soit 2 nm. Pour rappel, Intel utilise actuellement une gravure en 10 nm et promet de passer sur une production en 4 nm, puis 3 nm, d'ici 2024. En face, TSMC et Samsung gravent pour l'instant leurs puces en 5 nm.
Source : WCCFTech