On a l'habitude de trouver sur les PC portables une suite de logiciels dont l'utilisateur n'a souvent que faire, mais qui vient polluer son expérience en ralentissant le démarrage, en occupant de la mémoire et de l'espace de stockage.
La présence de ces programmes « parasites » est issue de partenariats avec les différents éditeurs. Ces derniers rémunèrent parfois le constructeur afin que leurs solutions soient déployées sur un maximum de machines. De la publicité habile, notamment lorsqu'il s'agit d'un service à durée limitée que vous reconduirez l'année suivante.
Les constructeurs ont été épinglés par la justice pour ces pratiques dont se passerait bien l'utilisateur. Et Microsoft n'apprécie globalement pas que les marques viennent ternir, même indirectement, l'image de Windows.
La situation perdure pour les antivirus, et ne s'est pas vraiment arrangée depuis qu'Intel, qui dispose d'un très confortable monopole avec ses processeurs, pousse McAfee dont il est propriétaire. Mais force est de constater, d'après notre expérience, que le nombre de crapware a visiblement diminué ces dernières années, et certains constructeurs sont désormais moins gourmands en la matière.
Des crapwares au cloud, une stratégie qui évolue
Ce manque à gagner a réorienté quelque peu le modèle économique des constructeurs. Plutôt que de préinstaller la solution clé en main offerte par un éditeur, les constructeurs déploient leurs propres suites logicielles, sous leur marque. Des programmes qui sont, là encore, le fruit d'accords avec des compagnies tierces, mais qui ne peuvent pas rapporter aux constructeurs, puisque la marque de l'éditeur n'apparaît pas.En revanche, les logiciels installés utilisent de nouveaux services « offerts » par le constructeur : on a vu notamment fleurir des plates-formes de cloud chez Acer, Asus et consorts.
Lenovo montre la voie d'un nouveau modèle économique ?
Il y a encore d'autres moyens de faire de l'argent sur le dos des utilisateurs de PC portables. Le chinois Lenovo l'a bien compris et connaît le nerf de la guerre, à savoir la publicité. Depuis des mois, il procéderait à la préinstallation, sur ses machines, d'un logiciel nommé Superfish, dont le rôle est d'insérer de la publicité dans le navigateur, que ce dernier soit Firefox, Chrome ou Internet Explorer.L'utilisateur a la possibilité de refuser l'installation de ce programme en décochant une petite case au moment où il allume pour la première fois son nouveau PC, mais évidemment, peu font attention à ce genre de détails.
Les plaintes se multiplient depuis des mois sur le forum du site du constructeur, d'autant que le logiciel a la fâcheuse tendance à engendrer des pop-up particulièrement désagréables.
Lenovo reste cependant droit dans ses bottes. Mark Hopkins, l'un des responsables de la communauté Lenovo, a précisé que le programme avait été « temporairement » retiré des portables, avant leur vente ou via une mise à jour, à cause des fenêtres pop-up, un comportement non souhaité.
Mais il ne remet pas du tout en cause le logiciel en lui-même et le fait d'imposer de la publicité sans le consentement de l'utilisateur. D'après lui, ce programme « aide les utilisateurs à trouver des produits », rapporte The Next Web.
Pire encore, certains utilisateurs rapportent que Superfish installerait un certificat autosigné qui lui permettrait de mettre son nez dans les connexions sécurisées, comme lorsque vous accédez à votre site bancaire. Firefox semble épargné ici. Quoi qu'il en soit, cette « fonctionnalité » est plus dangereuse qu'un simple adware et s'apparente davantage à une attaque man-in-the-middle. Des faits, s'ils sont avérés, qui seraient particulièrement graves de la part du premier constructeur mondial.
Il est heureusement assez simple de désactiver ou de désinstaller Superfish. Voici une vidéo (en anglais) qui vous explique comment procéder à cette première opération.
Hopkins, en précisant clairement que le retrait de ce logiciel était temporaire, semble indiquer que Lenovo assume complètement Superfish. Le chinois pourrait donc utiliser ce programme pour développer un modèle économique encore inexploré par les constructeurs. Sera-t-il suivi par d'autres marques dans cette initiative ? Difficile à dire, mais si Lenovo se sert de cette nouvelle entrée d'argent pour abaisser encore le prix de ses machines, il y a fort à parier que la concurrence sera contrainte de suivre le mouvement. Au grand désespoir du consommateur...