Après plusieurs mois d'enquête, Bruxelles a tranché et finalement validé, sans condition, le rachat du spécialiste des assistants virtuels Nuance par Microsoft.
Mardi après-midi, la Commission européenne a officiellement donné son feu vert pour l'opération, conclue entre les deux entreprises américaines pour un montant estimé à 19,7 milliards de dollars, soit 17,5 milliards d'euros. Le rachat fut conditionné à une enquête de Bruxelles, qui redoutait que l'acquisition ne crée une concentration du marché des logiciels de transcription et porte atteinte à la concurrence en Europe.
Le deuxième plus gros rachat de l'histoire de Microsoft, après celui de LinkedIn
Le 12 avril dernier, Microsoft s'était fendu d'un communiqué annonçant en grande pompe le rachat de Nuance, pour près de 20 milliards de dollars. L'opération, correspondant au deuxième plus gros rachat de la firme à la fenêtre depuis celui de LinkedIn en 2016 (27 milliards de dollars), permettra à Microsoft de développer des solutions d'intelligence artificielle qui seront destinées aux personnels de santé.
Nuance, entreprise spécialisée dans les logiciels de transcription et les solutions d'engagement client dans le secteur de la santé et des entreprises, possède une division qui propose des solutions de reconnaissance vocale boostées à l'IA et aide les médecins à mieux gérer certaines tâches administratives. En outre, elle fournit l'identification par la voix, la reconnaissance biométrique pour le service clients et l'identification numérique. De quoi forcément inspirer Microsoft.
Toute la question de ce rachat, aux yeux de la Commission européenne, était de savoir si l'acquisition était susceptible de réduire de façon significative la concurrence sur les marchés des logiciels des entreprises, sur celui du Cloud (pour Azure) et sur celui des services de communication en entreprises (pour Microsoft Teams), mais aussi sur ceux des logiciels de productivité et des systèmes d'exploitation pour PC.
Pour Bruxelles, l'acquisition de Nuance par Microsoft ne portera pas atteinte à la concurrence
La Commission européenne a passé au peigne fin les différents activités et liens potentiels entre les deux entreprises. Elle a par exemple veillé à ce qu'il n'y ait pas de chevauchements horizontaux entre les activités de Nuance et celles de Microsoft sur les marchés des logiciels et de transcription. Et finalement, elle a constaté que les deux entités proposaient des produits très différents. En effet, Nuance livre des solutions prêtes à l'emploi aux utilisateurs, et Microsoft, des interfaces de programmation d'applications que les développeurs peuvent ensuite solliciter pour intégrer de la reconnaissance vocale dans leurs programmes.
Concernant un lien vertical éventuel entre la branche Cloud de Microsoft, Azure, et le logiciel de transcription en aval pour les soins de santé de Nuance, Bruxelles, une fois encore, n'a pas décelé de dépendance mutuelle entre les deux sociétés. Quant à l'utilisation des données transcrites avec le logiciel de Nuance, la Commission estime qu'avoir accès à ces données n'avantage pas Microsoft et ne poussera pas le géant à écarter des fournisseurs de logiciels de santé concurrents, puisque ces données sont censées être stockées par des tiers.
Enfin, le point le plus critique est sans doute celui d'éventuels liens congloméraux entre les produits Microsoft et le logiciel de transcription Nuance. Ici, Bruxelles a conclu que l'entreprise qui découlait du rachat n'aurait pas la capacité de perturber les divers marchés sur lesquels œuvrent Nuance et Microsoft. La concurrence est préservée, même du côté des systèmes d'exploitation, puisque Windows est le seul pour lequel le logiciel de transcription de Nuance est disponible.
Source : communiqué de presse