France : Microsoft lance la version définitive de Bing

Antoine Duvauchelle
Publié le 01 mars 2011 à 14h24
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Microsoft a lancé officiellement la version française de son moteur de recherche Bing ce matin. Disponible jusqu'à maintenant en version beta, elle apporte quelques nouveautés, notamment centrées sur les partenariats passés par l'éditeur avec différents diffuseurs de contenus français.

Equilibre instable à la conférence de presse Microsoft ce matin. Comment parler de moteur de recherche, et de l'alternative que constituerait Bing selon l'éditeur, sans prononcer le nom du principal concurrent : Google ? Les représentants de Microsoft y sont toutefois parvenus, même lorsque les questions des journalistes portaient explicitement sur la concurrence.

Pourtant, c'est bien en opposition avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom que Bing entend se construire. Avec une logique de localisation en France basée sur des partenariats, notamment. Après la signature d'un accord entre Microsoft et la Bibliothèque nationale de France (BNF), directement orchestré par Steve Ballmer en octobre dernier, l'éditeur a dévoilé ce matin quatre nouveaux partenaires. Le groupe PagesJaunes, le GIE E-Presse (représentant différents médias nationaux), la Direction générale de modernisation de l'Etat (DGME), et Allociné.

Recherche plus locale
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Deux tendances se dessinent donc dans la stratégie de Bing en France, comme aux Etats-Unis. Microsoft souhaite se démarquer de Google en mettant l'action sur le local, d'abord. C'est le sens du partenariat avec le groupe PagesJaunes, qui apparaîtra dans les résultats de recherche. Envie de trouver un fleuriste ou un hôtel à Lyon ? Une requête dans Bing vous donnera en haut de page différentes adresses, à côté de la carte Bing Maps en miniature. Comme dans Google, donc, sauf dans la présentation. Et le logo, PagesJaunes, qui donne la provenance des informations.

Pour Jean-Pierre Remy, Président de PagesJaunes, « c'est le fruit d'un travail commun entre les ingénieurs de Microsoft et de PagesJaunes pendant six mois. » Afin de permettre une intégration forte, mais aussi d'apporter un maximum d'éléments dans la recherche. Numéro de téléphone, adresse, emplacement sur la carte... Ici encore, on est assez proche des Adresses de Google, sauf que l'information est poussée par PagesJaunes. Ce qui permet, notamment, d'avoir les horaires d'ouverture dans la colonne de gauche, et autres informations que les propriétaires de commerces ou internautes doivent entrer à la main sur le concurrent de Bing.

Recherche plus thématique
Local, donc, mais aussi thématique. Là, ce sont les autres partenaires qui entrent en jeu. Allociné pour les bandes annonces de films, les critiques, les horaires et les synopsis, le GIE E-Presse pour l'information, la BNF pour les livres. A chaque fois, Bing propose une intégration légèrement différente. Pour Allociné, par exemple, l'idée est de pouvoir accéder à toutes les informations sur un film sans sortir de Bing. Microsoft donne l'exemple du Discours d'un roi, récemment primé aux Oscars. Bing reconnait la position géographique de l'internaute - si on l'y autorise - et propose en haut des résultats tirés d'Allociné. En théorie, car après essai, les résultats proviennent de Bing Movies, Allociné n'étant disponible que dans les résultats de recherche habituels.

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La fonctionnalité devrait bientôt apparaître, comme on devrait voir dans les prochaines semaines le fruit du partenariat avec le GIE E-Presse. Pour mémoire, ce groupement d'intérêts économiques a été créé par huit journaux et magazines (Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Parisien / Aujourd'hui en France, L'Express, Le Figaro, Libération, l'Equipe et les Echos), avec l'objectif affiché de mieux valoriser les contenus issus de leurs publications sur le web. Et donc, en lisant entre les lignes, de mieux contrer Google et sa stratégie de récupération de contenus via Google Actualités. L'aubaine était belle pour Bing, qui a donc annoncé qu'il mettrait à disposition dans quelques semaines les résultats tirés des journaux en avant, avec le logo du média.

La réponse à Google Actualités
Meilleure valorisation, donc, et meilleur choix des articles. Selon Microsoft, l'algorithme a été repensé par rapport à ce qui se fait chez Vous-savez-Qui, pour apporter plus de place à la primauté. Un journal qui aura une information inédite devrait donc être privilégié par rapport à tous ceux qui publient des articles à sa suite, contrairement à ce qui se fait chez Google Actualités, où il y a une prime à la publication la plus récente. Avec la difficulté de déterminer qui doit être mis en avant lorsqu'une information est publiée quasiment au même moment par différents médias, avec comme seul décalage le temps que prend le journaliste à écrire son article - pour une conférence de presse par exemple, on peut difficilement attribuer à un journaliste précis l'exclusivité d'une information.

Mais on n'en saura pas plus pour l'instant sur cet algorithme, comme on ne saura pas comment sont gérés les possibles conflits entre les critiques cinéma issues des journaux et les informations en provenance d'Allociné. « Pour l'instant, on n'a jamais rencontré le problème, » explique succinctement Grégory Salinger, Directeur général des activités Internet et Grand Public France de Microsoft.

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Le plus approchant à l'heure actuelle concerne la littérature, puisque le partenariat avec la BNF a déjà été mis en place. Une recherche sur Victor Hugo ou Voltaire permet donc de voir apparaître en tête des résultats les livres proposés en accès libre sur la bibliothèque virtuelle Gallica. Un clic renvoie immédiatement sur le livre numérisé sur Gallica.

Cela se rapproche donc probablement plus du partenariat avec le GIE E-Presse, qui devrait permettre d'accéder directement aux sites des journaux, que de celui avec Allociné, où l'internaute reste sur Bing. A ce propos, on n'en sait pas beaucoup plus sur les termes des différents partenariats, Microsoft ayant préféré rester muet à ce sujet. Les différents partenaires n'ont pas donné plus d'indication, si ce n'est qu'il n'y a « aucun terme commercial, » selon le directeur de la BNF, Jean-Paul Rémy, et qu'il y a « un partage des revenus publicitaires, » selon le Président du GIE E-Presse, Xavier Spender.

Dernier axe de travail pour Microsoft : la mobilité. Bing France sera disponible sur tous les terminaux via une interface web (sur m.bing.com), mais « particulièrement chouchouté » sur Windows Phone 7, selon Nicolas Petit, Directeur marketing des activités Internet et Grand Public France chez Microsoft. On passera enfin rapidement sur l'expérience visuelle proposée par Bing, qui n'est pas vraiment modifiée par rapport à la version beta. Une image de fond par jour avec des carrés interactifs sur le mode « Le Saviez-Vous ? » compose la page d'accueil.

Vie privée et propriété intellectuelle
On notera par contre les nombreux autres tacles au concurrent dont le nom était proscrit chez les employés de Microsoft. Contrairement à « certains de nos concurrents, » explique Eric Boustouller, le Président de Microsoft France, « nous respecterons la vie privée, en ne conservant les données personnelles que six mois dans nos bases de données après leur première insertion, » et en « anonymisant ces données par la séparation de l'identité de l'internaute et de ses informations de navigation. »

Le respect des ayants-droits a également été mis en avant par Microsoft, qui évoque simplement « une juste répartition des revenus » - publicitaires s'entend - ce qui a été confirmé par plusieurs partenaires au cours de la conférence de presse. Pour la dernière partie évoquée par Microsoft, à savoir le renouvellement de la recherche sur le plan visuel, il faudra sans doute attendre encore un peu avant d'en savoir plus. Les différentes fonctionnalités de galeries et de navigation ou de tri dans les résultats de recherche semblent prometteuses, mais elles n'ont visiblement pas encore été implémentées partout.

4,4% de croissance en 18 mois aux USA
Il faudra attendre quelques mois pour savoir si Bing répond aux attentes des utilisateurs et atteint ses objectifs. Ceux-ci n'ont pas été clairement définis par Microsoft France, dont le président parle de faire aussi bien qu'aux Etats-Unis. Soit, en l'état, une progression de 4,4% en 18 mois (Bing est passé aux Etats-Unis de 8,4% de parts de marché dans la version précédente de MSN à 12,8% en janvier 2011).

Microsoft espère bénéficier des autres partenariats au niveau mondial - sur les téléphones Nokia, ou par le biais du moteur de recherche de Yahoo - pour porter encore plus ces chiffres. Pour l'heure, la version beta de Bing France a permis de gagner 1,2 million de visiteurs uniques, en passant à 10,6 millions de visiteurs uniques. Sa part de marché est de 3%, mais Bing espère encore progresser avec sa version finale et l'application du partenariat avec Yahoo au niveau de la France au deuxième semestre 2011, pour se poser encore plus en alternative à... « notre principal concurrent. »
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