En rachetant le câblo-opérateur Suddenlink, le fonds Altice, propriétaire de Numericable-SFR, Virgin Mobile et Portugal Telecom entre autres, met un pied aux États-Unis. Spécialiste incontesté désormais des rachats à coups d'effet de levier, Patrick Drahi doit aligner 9,1 milliards de dollars, apprend un communiqué, pour s'offrir 70 % du capital du septième fournisseur de TV américain. Et réussir ce que Xavier Niel n'a pas fait.
En France, l'intégration de SFR avec Numericable ne se passe pas sans heurts - Crédit : DR.
Le patron d'Iliad s'était positionné, en août 2014, pour reprendre la filiale américaine de Deutsche Telekom, T-Mobile US, alors à vendre. Assez semblable à Free dans le rôle de trublion des télécoms, cet opérateur était cohérent pour le Français, qui ne souhaitait pas participer à la consolidation du marché en France. Mais l'offre de 15 milliards de dollars ne sera pas suffisante aux yeux de son propriétaire. Fin du rêve pour Xavier Niel.
Le câble, un secteur que connaît bien Altice
Pour Patrick Drahi en revanche, les succès s'enchaînent. L'homme d'affaires s'est offert SFR en novembre 2014 pour 13,36 milliards d'euros. Le mois suivant, il mettait la main sur l'opérateur virtuel Virgin Mobile pour 325 millions d'euros. En décembre, c'était au tour de Portugal Telecom de passer dans le giron d'Altice, pour 7,4 milliards. En 2015, le rythme ne ralentit pas. Dès janvier, Altice a proposé 3,9 milliards d'euros à Vivendi pour reprendre les 20 % restants de SFR. Après trois mois de pause, c'est un autre rachat à plusieurs milliards...Avec Suddenlink, Altice entre sur le marché américain sur un terrain qu'il connaît bien, le câble. En pleine consolidation, il l'estime « attractif ». Le groupe de Patrick Drahi affirme dans une note avoir « franchi une nouvelle étape dans la diversification et l'équilibrage de son portefeuille d'activités ». Suddenlink a vu le jour en 2003. Il avait été repris en 2012 par les fonds CPP Investment et BC Partners pour 6,6 milliards de dollars.
Altice s'intéresse aussi à Time Warner Cable
Avec cette opération, Altice met la main sur 1,5 million de clients, dont 90 000 abonnés professionnels, dans une quinzaine d'États dont le Texas, de Virginie-Occidentale, la Louisiane, l'Arkansas et l'Arizona. En 2014, Suddenlink a généré 2,3 milliards de dollars de recettes - contre 1,9 milliard en 2011 -, répartis de façon égale entre la TV, l'Internet haut débit et la téléphonie fixe. Son bénéfice avant impôts est de 900 millions.Ce n'est pas tout. Selon Bloomberg, Patrick Drahi aurait également approché le numéro deux américain de la télévision par câble, Time Warner Cable, et ses 11 millions d'abonnés. Cette fois, le chèque serait d'un autre ordre : Comcast, le leader du secteur, a tenté un rachat pour 45,2 milliards de dollars. Une opération qui a finalement achoppé à la fin du mois d'avril, devant les craintes du gendarme de la concurrence américain.
Avant de finaliser son offre sur Suddenlink, Altice devra recevoir l'approbation de la Commission fédérale des communications, du département de la Justice des États-Unis et du Comité pour l'investissement étranger.
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