Nvidia proposera désormais ses GPU sous licence à d'autres fabricants

Alexandre Laurent
Publié le 19 juin 2013 à 17h05
Un tournant stratégique ? Nvidia a annoncé mercredi qu'il proposerait désormais à d'autres fabricants d'accéder, sous licence, à ses principaux produits ainsi qu'à certains pans de sa propriété intellectuelle. Il débutera par les GPU de classe Kepler.

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Nvidia, dealer de propriété intellectuelle ? L'américain a confirmé mercredi qu'il allait prochainement proposer à d'autres fabricants d'accéder, sous licence, à certains de ses produits. L'annonce porte essentiellement sur le terrain de la mobilité : Nvidia évoque ainsi la prochaine génération de puces Tegra (Logan), dont la partie 3D découlera de l'architecture Kepler qui équipe les actuelles cartes GeForce.

Concrètement, Nvidia ambitionne donc de proposer aux fabricants qui élaborent leurs propres SoC d'intégrer un coeur graphique élaboré par ses soins. L'américain entrerait ainsi en concurrence directe avec des acteurs comme Qualcomm (Adreno), ARM (Mali) ou PowerVR. « Ceux qui souscriront une licence recevront tous les éléments de design, de contexte et de supoprt pour intégrer les puissants coeurs graphiques de Nvidia dans leurs appareils », résume Nvidia dans son annonce.

Un changement dicté par les marchés ?

Jusqu'ici, Nvidia avait plutôt l'habitude de commercialiser ses produits sous ses propres couleurs, qu'il s'agisse de cartes 3D traditionnelles (GeForce, Quadro), de produits dédiés au compute (Tesla) ou de puces tout-en-un tournées vers le marché de la mobilité (Tegra). L'américain rappelle toutefois qu'il a déjà pratiqué ce genre d'accords par le passé, l''exemple le plus probant étant à ce niveau l'utilisation de GPU Nvidia au sein de la Playstation 3 de Sony. Les annonces formulées mercredi vont toutefois plus loin qu'un simple contrat de mise à disposition unique : Nvidia se dit en effet prêt à parler à l'ensemble du marché, et promet par ailleurs à ses clients potentiels la possibilité d'élaborer leurs propres produits 3D sur la base de son portefeuille de propriété intellectuelle (5 500 brevets).

Pourquoi maintenant ? « Cette opportunité n'existait tout simplement pas il y a quelques années parce qu'il n'y avait qu'un seul appareil dédié au calcul - le PC, mais l'univers tourbillonnant des nouveaux terminaux fournit de nouvelles opportunités de commercialiser sous licence notre coeur GPU ou notre catalogue dédié au visual computing », justifie David Shannon, vice président exécutif de Nvidia. Sans pour autant forcément mettre un terme aux produits Tegra commercialisés sous ses propres couleurs, la firme au caméléon va donc chercher à gagner des parts de marché de façon indirecte. De quoi suppléer, sans doute, au succès tout relatif de Tegra 4, qui n'a pour l'instant remporté que quelques designs.

Le calendrier de cette annonce n'a rien d'anodin, une fois ramené aux initiatives récemment lancées par la concurrence. AMD, qui indique depuis plus d'un an vouloir lui aussi mettre sa propriété intellectuelle au service de tiers, a récemment remporté deux très gros contrats, puisqu'il élaborera les processeurs qu'embarqueront la Xbox One de Microsoft et la Playstation 4 de Sony. En parallèle, l'ex-fondeur de Sunnyvale oeuvre au rapprochement de ses propres puces, CPU, GPU ou APU, avec l'environnement ARM traditionnel au travers de la HSA Foundation. Enfin, Intel, met les bouchées doubles pour lancer sur le marché des SoC Atom munis d'un contrôleur graphique maison, en lieu et place des PowerVR actuellement adossés à ses processeurs pour smartphones.

Pour assurer ses positions, Nvidia choisit donc la voie d'une ouverture raisonnée, partant du principe que l'arrivée de Kepler dans des enveloppes très basse consommation suscitera l'intérêt des spécialistes du smartphone ou de la tablette. S'il met pour l'instant assez peu l'accent sur cette dimension dans sa communication, l'américain pave également la voie à l'arrivée de CUDA, son environnement de calcul via GPU, sur mobile, qui pour s'imposer face aux technologies ouvertes de type OpenCL, a besoin de rapidement s'installer au sein des terminaux commerciaux. Nvidia vient d'ailleurs de livrer la release candidate de CUDA 5.5, qui permet désormais de compiler nativement sur des architectures ARM.
Alexandre Laurent
Par Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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