Dans une étude, l'ONG Business & Human Rights Resource Centre fait état de dizaines d'allégations de violation des droits de l'Homme ciblant Glencore. Ce géant de l'extraction minière collabore avec Tesla, qui lui achète notamment du nickel et du cobalt pour ses batteries.
La course aux technologies vertes dépend de minéraux clés comme le cobalt, le cuivre, le lithium, le nickel, ou encore le zinc. Leur extraction se fait souvent dans des conditions abominables pour les travailleurs, en plus de son impact désastreux pour l'environnement.
Au moins 70 abus depuis 2010
Business & Human Rights Resource Centre répertorie les abus concernant l'exploitation de ces minéraux dans les énergies renouvelables, les véhicules électriques et les batteries. Dans son rapport, l'ONG en compte 65 supplémentaires en 2022. Ils englobent de nombreux préjudices potentiels, allant du mauvais traitement des travailleurs à la pollution, en passant par le déclenchement de conflits ou le versement de pots-de-vin à des fonctionnaires.
Cinq de ces allégations concernent Glencore, tandis que 4 autres visent des coentreprises dans lesquelles la société est impliquée. En plus de nombreuses accusations de corruption, notamment d'avoir soudoyé des intermédiaires et des fonctionnaires étrangers, la firme est pointée du doigt pour des violations des droits de l'Homme. Dans certaines de ses mines, comme en République démocratique du Congo, au Pérou et en Colombie, les conditions de ses travailleurs seraient catastrophiques, avec de nombreux abus liés au droit du travail. Elle est également accusée d'avoir exploité des enfants dans des mines de cobalt en République démocratique du Congo.
Glencore a accumulé au moins 70 allégations similaires depuis 2010. « Nos actifs sont situés dans des contextes divers, certains dans des pays très développés dotés de cadres juridiques et politiques solides, et d'autres dans des circonstances sociopolitiques plus difficiles avec des antécédents de conflit, des services de base limités et un État de droit faible », justifie Charles Watenphul, porte-parole de l'entreprise, à The Verge.
En 2022, Tesla commerçait encore avec Glencore
Pour sa part, Tesla indique avoir rompu les affaires avec 12 fournisseurs de cobalt et 29 de nickel « en raison de problèmes de diligence raisonnable de la chaîne d'approvisionnement après avoir tenté d'atténuer les risques ». Cependant, Glencore n'en fait pas partie.
« Nous constatons que le risque d'abus augmente à mesure que s'intensifie la pression pour l'extraction de nouveaux minerais. Nous nous attendons évidemment à ce que les grandes entreprises comme Tesla utilisent leur influence pour changer le secteur dans son ensemble et ne se contentent pas de demander, mais exigent que leurs fournisseurs ne commettent pas de violations des droits de l'Homme », assène Caroline Avan, chercheuse en ressources naturelles au Business & Human Rights Resource Centre.
En 2019 déjà, Tesla était citée aux côtés d'autres géants de la tech dans une plainte pour exploitation d’enfants dans les mines de cobalt au Congo. Par la suite, Elon Musk n'a pas hésité à tacler Apple en soulignant qu'elle utilisait de grandes quantités de cobalt dans les batteries de ses smartphones et ordinateurs. Il affirmait alors que les produits de Tesla n'en nécessitaient que très peu.
Le constructeur a néanmoins conclu un accord avec Glencore en 2020 pour acheter un quart du cobalt produit par une mine congolaise accusée d'abus sur les travailleurs. Il s'est également procuré du nickel depuis une mine de Glencore en Australie, selon ses propres rapports de 2021 et 2022.
Sources : The Verge, Business & Human Rights Resource Centre