Oracle vient de déposer une plainte contre Google, estimant que le système d'exploitation pour téléphones mobiles Android contrevenait à sa propriété intellectuelle sur plusieurs brevets, en lien avec Java.
En développant Android, Google a directement, consciemment et à plusieurs reprises porté atteinte à la propriété intellectuelle d'Oracle sur Java selon Sun Microsystems. Cette plainte en justice vise à trouver des solutions pour résoudre ce cas de violation, explique la porte-parole d'Oracle, Karen Tillman.
La plainte a été déposée auprès d'une cour de San Francisco. Google, de son côté, n'a pas encore réagi. Oracle a acquis la technologie Java en rachetant Sun Microsystems dans son intégralité au début de l'année 2010. Java est un environnement logiciel qui permet à des applications écrites en Java de tourner potentiellement sur n'importe quel appareil, pour peu qu'une machine Java y ait été installée.
En développant Android, Google y a inclus une technologie compatible Java, baptisée Dalvik. Selon l'analyste Ken Dulaney, cette technologie a été développée en partant de zéro, et n'a pas utilisé de technologie sous propriété intellectuelle de Sun. « Vous ne pouvez pas juste prendre une application Java sur un environnement Sun, où elle est sous licence, et la faire tourner sur Android, » explique l'analyste. « Vous devrez la recompiler pour Dalvik. »
On ne sait pas si Oracle a tenté de négocier avec Google avant de porter plainte, mais selon Dulaney, la principale motivation de l'éditeur repose dans le succès récent des téléphones Android. « Ils détiennent Sun et ils veulent récupérer les royalties sur le langage. » Mais Oracle explique que Google était au courant de ces brevets, et les avait délibérément violés. L'éditeur avance d'ailleurs que Google aurait engagé plusieurs anciens employés de Sun spécialisés dans le développement de Java. Il souhaite que la justice bloque les technologies sous brevet, et lui donne des dommages et intérêts.
Selon Dulaney, le cas Oracle pourrait être « difficile à prouver » et que la bataille légale pourrait prendre longtemps. « Ce qu'ils auront à déterminer, c'est si Google est bien reparti de zéro ou s'ils avaient quelqu'un qui avait participé au développement du langage chez Sun. » Dalvik n'est qu'une option pour écrire les applications sur Android, aux côtés du C ou du HTML 5, mais il est utilisé pour certaines applications centrales, comme les emails.
Sur le blog de James Gosling, ancien employé de Sun parti lors du rachat par Oracle, et inventeur du langage Java, l'auteur estime que « ce n'est pas une grosse surprise. Lorsque nous avons expliqué la situation sur les brevets de Java entre Google et Sun, lors du rachat par Oracle, nous avons pu voir les yeux de l'avocat briller. Déposer des plaintes sur les brevets n'a jamais été dans le code génétique de Sun. » James Gosling espère seulement éviter d'être pris dans la tempête : « Ils ont pris seulement l'un de mes brevets pour porter plainte. Hélas... »