Enterasys, une entreprise détenue à 49% par le groupe Siemens, présentait en grande pompe cette semaine OneFabric, sa réponse aux nouvelles architectures de datacenter Juniper, Cisco, ou HP dévoilées ces derniers mois. La stratégie d'Enterasys, un peu déroutante au premier abord, est de dépasser le simple cadre du datacenter, et d'ouvrir sa solution OneFabric aux... réseaux sociaux.
On peut facilement imaginer l'intérêt que trouvera un groupe d'administrateurs réseaux à récupérer des statuts automatiquement et en quasi-temps réel sur un service de réseau social professionnel, du type Chatter. Accès sécurisé, rapidité de la réponse à apporter, certitude de toucher toutes les personnes concernées - plus difficilement atteignable avec l'email, par exemple. Mais fallait-il qu'en plus de ce type de réseaux internes à l'entreprise, Enterasys, une entreprise appartenant à 49% à Siemens et à 51% à The Gores Group, étende la fonctionnalité de partage du statut à Twitter ou Facebook, entre autres ?
Mais à la conférence de presse présentant la nouvelle architecture de datacenter OneFabric, on ne jurait que par ça : en cas de plantage d'un switch, par exemple, il sera possible de mettre en place un système de surveillance qui envoie automatiquement un tweet ou un statut Facebook à l'ensemble des administrateurs réseaux concernés. De quoi polluer leur mur ou leur timeline, peut-être, mais aussi une réponse de bon sens, si l'on en croit Enterasys. Dans la présentation d'Isaac, l'outil d'interfaçage avec les réseaux sociaux, le PDG du groupe Chris Crowell estime qu'avec « un sixième de l'humanité qui utilise soit Facebook soit Twitter, il devient normal que de nouveaux cas d'utilisation soient développés pour les plateformes de réseaux sociaux. »
Soit - et bien qu'on pourrait contester le chiffre de Chris Crowell, les utilisateurs de Twitter et Facebook n'étant pas tout-à-fait additionnables puisqu'en partie les mêmes personnes. Passons sur les objections, et voyons ce que ça donne avec la vidéo de présentation d'Isaac :
Isaac est gratuit jusqu'à la fin de l'année pour les clients existants d'Enterasys. A partir de janvier, date du lancement général, l'outil sera facturé à partir de 10 000 dollars, en fonction du nombre d'appareils qui y auront accès.
Pour le reste, l'architecture OneFabric se base sur l'héritage d'Enterasys. Elle apporte cependant des fonctionnalités améliorées comme l'accès indistinct par les réseaux filaires ou sans fil, et doit être, selon l'entreprise, prêt pour la virtualisation. Enterasys tente également de s'éloigner de l'approche traditionnelle de l'architecture, qui veut qu'on aille du coeur du datacenter jusqu'aux appareils dans une arborescence hiérarchisée (pour les problèmes que cela peut poser, lire Juniper QFabric : "Nous avons voulu remettre à plat les réseaux de datacenters"). Mais on est très proche de la démarche de Juniper avec QFabric, justement, ou des produits en préparation chez les principaux concurrents.
Enterasys met évidemment en avant l'un des intérêts les plus intéressants pour ces clients de ce réseau single-tier (à un seul niveau, qui évite donc les zones d'ombre dans le réseau) : le prix. Notons que si on peut rapprocher OneFabric de QFabric, Enterasys s'en distingue par sa cible, puisqu'il vise prioritairement les petites et moyennes entreprises. Comme Juniper, sa solution peut être intégrée à des appareils existants, afin de ne pas avoir à supporter un coût de migration lourd en une fois. On peut conclure en précisant que le constructeur a eu la bonne idée d'intégrer une compatibilité IF-Map dans sa feuille de route. La prise en charge de cet aspirant-standard n'est donc pas assurée dans un futur proche, mais les ingénieurs d'Enterasys travaillent dessus, ce qui peut apparaître comme logique puisque l'entreprise est partenaire d'Infoblox.