Le gouvernement a donné lundi le coup d'envoi de Nano2017. Destiné à l'industrie des nanotechnologies et des semi-conducteurs, ce programme d'investissement prévoit d'injecter 3,5 milliards d'euros sur cinq ans au service de la recherche et développement. Le fabricant de puces franco-italien STMicroelectronics apporte 1,3 milliard d'euros au projet, l'État 600 millions.
En déplacement dans l'usine ST de Crolles en Isère, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a estimé que « Nano 2017 est un projet d'intérêt général pour notre industrie dans une compétition mondiale toujours plus intense. C'est ce qui signifie la nécessité de l'investissement public de l'État ». Concrètement, cet investissement va permettre de doubler les capacités du site de production de STMicroelectronics.
Carlo Bozotti, le PDG du groupe franco-italien, a indiqué que le nombre de plaquettes de silicium produites chaque semaine dans l'usine passera de 3 500 actuellement à 7 000 à terme. L'investissement devrait profiter à plusieurs technologies développées par la société, comme le FD-SOI (traitement de hautes performances et basse consommation), l'imagerie de nouvelle génération (capteurs et processeurs de signal d'images) et les mémoires non-volatiles embarquées de nouvelle génération.
« Nano 2017 est extrêmement important pour ST », a insisté le dirigeant, en décrivant le site de Crolles comme «l'un des pôles de R&D les plus avancés au monde dans ce domaine». Sous la direction de STMicroelectronics, le programme s'adresse aussi au laboratoire de recherche spécialisé dans l'électronique CEA-Leti, « partenaire historique du centre de R&D de ST Crolles depuis 1992 ».
Nano2017 fera-t-il mieux que Nano2012 ?
En réaction à cette annonce, la CGT ST & Soitec a jugé « positive la poursuite des investissements publics dans ce domaine », même si elle émet un certain nombre de réserves. Celle-ci considère en effet que ces investissements sont « très insuffisants vu le retard pris par l'Europe et la France ». Elle déplore également qu'il s'agisse de subventions et non d'apport au capital, ce qui « laisse les entreprises libres de mener des politiques contraires au but recherché, en faisant la part belle aux intérêts privés ».
Pour appuyer son propos, la CGT souligne que STMicroelectronics a maintenu le versement de dividendes élevés « alors que des subventions publiques sont versées et que tout l'argent devrait servir à investir ». Le syndicat pointe enfin du doigt « l'abandon du cœur de la téléphonie mobile suite à l'arrêt de ST-Ericsson », ce qui selon elle « fragilise le secteur numérique » et « limite les ambitions industrielles ».
Nano2017 fait suite à Nano2012. Initié par le précédent gouvernement, la première mouture était dotée de 2,3 milliards d'euros, dont 453 millions apportés par l'État. S'il avait permis à ST de développer certains composants, l'organisation syndicale considère qu'il avait manqué sa cible sur le volet de l'emploi. Il n'aurait permis de créer qu'une centaine de postes contre six fois plus annoncés.