Dans un communiqué transmis à l'AFP, le groupe français précise avoir « signé un accord d'exclusivité pour négocier la cession des activités de sa filiale Amesys relatives au logiciel Eagle, destiné à construire des bases de données dans le cadre d'interception légale sur Internet ». Bull ajoute qu'il ne considère pas l'activité couverte par sa filiale comme stratégique et souhaite recentrer son activité vers les « systèmes critiques électroniques », précise-t-il.
En septembre dernier, Amesys avait été critiqué pour avoir équipé un centre de surveillance informatique du régime de Kadhafi avec sa solution Eagle. Cette filiale de Bull avait donc mis à la disposition du régime ses services basés sur la technologie « Eagle Core », un système qui permet de traquer des conversations sur messagerie instantanée mais également de détecter certains e-mails privés. Selon des spécialistes, cette structure permettrait même de surveiller non seulement les adresses IP mais également les connexions GSM.
Bull avait par la suite reconnu avoir vendu au régime de telles installations mais réfutait toute surveillance généralisée de la population du pays ou même le filtrage des sites Web hébergés en Libye. La direction avait également avancé le fait qu'au jour de la conclusion du contrat avec les autorités, les relations entre la France et la Libye étaient cordiales.
Toujours est-il que ce mouvement de la part de l'entreprise française n'est pas non plus étonnant. Lors de la publication de ses résultats le mois dernier, Bull avait fait porter une charge de 34,5 millions d'euros à sa filiale. Le groupe expliquait cette initiative par « la révision des perspectives d'activité telle que décrite précédemment et de nouvelles dispositions fiscales limitant l'utilisation de reports déficitaires ». Du coup, son résultat opérationnel s'était établi à 5,4 millions d'euros seulement contre 24,6 millions d'euros en 2010.