Entre le 19 et le 22 août, 1 013 personnes ont donc été interrogées sur leurs pratiques en matière de divulgation d'informations et indiquent leurs souhaits en matière de sécurisation. Les résultats montrent alors que les sondés souhaitent disposer de davantage de libertés en ligne que dans le monde physique.
Sur la reconnaissance faciale, par exemple, 51% sont plutôt défavorables voire pas du tout favorables à l'identification des personnes figurant sur des photos en ligne. Ils sont également contre (à 58%) l'utilisation d'un logiciel de reconnaissance faciale capable de rechercher automatiquement une photo du visage d'une personne. A l'inverse, 72% des interrogés sont favorables à la mise en place de dispositifs de reconnaissance faciale dans certains lieux publics comme les aéroports. Autre donnée intéressante, 81% des femmes interrogées seraient intéressées par la mise en place d'un système de géolocalisation par les autorités (pompiers, police, secours).
Pour Isabelle Alfano, directrice du salon CARTES Secure Connexions, ces chiffres montrent « les contradictions dans les comportements des Français. Le sentiment d'insécurité ne change pas les habitudes de consommation ou de navigation ». Ces données montrent également que pour des raisons exceptionnelles, comme la lutte contre le terrorisme, les internautes interrogés seraient disposés à laisser l'Etat « accéder exceptionnellement aux données en ligne de certaines personnes » (80%). De même, 75% des sondés seraient ainsi globalement favorables à ce que les pouvoirs publics comme la police ou l'armée puissent « dans des cas exceptionnels » pouvoir accéder aux e-mails ou réseaux sociaux ou aux sites Internet consultés « par des personnes susceptibles d'être des terroristes ».
Si ces chiffres sont à prendre uniquement pour ce qu'ils sont, à savoir un panel de personnes interrogé à un instant T ne représentant pas forcément l'avis général de la population, ils montrent que certains moyens d'identification n'ont pas encore la confiance des utilisateurs. Ainsi, la reconnaissance par empreinte digitale, à nouveau mise en lumière par la sortie de l'iPhone 5s mais également par la démonstration de sa faillibilité par le Chaos Computer Club, est perçue différemment en fonction des usages.
Par exemple, 65% des sondés sont globalement favorables à l'utilisation de ce procédé pour déverrouiller leur smartphone mais seulement la moitié pense qu'il est bon de recourir à l'empreinte digitale ou d'un œil pour payer dans un magasin.
Frédéric Trojani, président de la Secure Identity Alliance (organe rassemblant les professionnels des solutions de gestion de l'identité) estime pourtant que la reconnaissance par empreinte demeure une « opportunité » pour le marché. « Des efforts peuvent encore être faits. Le dernier permis de conduire par exemple contient des éléments intéressants mais il reste de nombreux services à créer pour faciliter la vie des citoyens », précise-t-il.
Jusqu'à présent les pouvoirs publics ont avancé relativement prudemment sur la question. Pour rappel, lors des débats portant sur la carte d'identité numérique en 2012, l'idée initiale avait été d'y implémenter deux puces. La première, stockant les informations nominatives du titulaire, son adresse, sa photographie ainsi que ses empreintes digitales avait été conservée mais pas la seconde proposant alors au titulaire de s'identifier sur plusieurs réseaux de communications électroniques.