L'examen du projet de loi pour une République numérique, soutenu par Axelle Lemaire avance mais contient des dispositions d'un genre parfois particulier. Dans le cadre des discussions actuellement en cours au sein de la Commission des lois de l'Assemblée nationale, un amendement visant à garantir la « souveraineté numérique » de la France a été adopté.
Le texte préconise de créer un « Commissariat à la souveraineté numérique rattaché aux services du Premier ministre dont les missions concourront à l'exercice, dans le cyberespace, de la souveraineté nationale et des droits et libertés individuels et collectifs que la République protège ». Cette entité sera chargée d'éditer un véritable système d'exploitation à la française dit « souverain » mais également de développer des protocoles de chiffrement des données.
L'amendement a été adopté en commission et sera donc soutenu par le gouvernement. Si l'idée est maintenue, elle signifie qu'une nouvelle autorité sera créée (sous la forme d'un établissement public doté d'une autonomie administrative) laquelle disposera d'un budget dédié.
L'échec du « cloud à la française »
Par le passé, l'Etat a déjà tenté de faire naître artificiellement une concurrence sur des marchés dominés par des sociétés déjà établies ou de grands groupes américains. En 2012, le cloud souverain (à la française) était né au travers de deux entités. SFR et Bull étaient partenaires pour mettre en place Numergy. Quant à Orange et Thales, ils s'étaient rapprochés pour créer une seconde structure baptisée Cloudwatt.Deux structures dont le point commun était d'être soutenu financièrement par un même acteur, l'État, via le Fonds national pour la Société Numérique. Moins de quatre années après leur lancement, leur trajectoire n'est en rien un modèle de réussite. Faute de résultats probants, Numergy a été placé sous sauvegarde judiciaire avant d'être repris par SFR. Quant à CloudWatt, l'offre a été dissoute dans Orange Cloud for Business, la division services cloud de l'opérateur historique.
Si la marque CloudWatt a été conservée à des fins marketing, l'entité commerciale n'est plus, signe d'un manque de clairvoyance de l'Etat dans sa tentative d'anticiper les évolutions du secteur.
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