Ne tentez pas de jouer du Bach sur Facebook : Sony vous l'interdira

Maryne
Par Maryne
Publié le 09 septembre 2018 à 11h00
Jean-Sebastien Bach

Alors qu'il interprétait un morceau de Jean-Sébastien Bach, un musicien répondant au nom de James Rhodes s'est vu censurer sa vidéo Facebook par Sony Music Entertainment, soi-disant propriétaire d'un passage de 47 secondes. Un incident remettant la loi sur le copyright au cœur du débat, une première fois rejeté en juillet dernier.

Le musicien James Rhodes ne s'attendait peut-être pas à un tel écho médiatique suite à la publication d'un tweet cinglant à l'encontre de Sony Music Entertainment. L'homme d'origine espagnole, visiblement sensible à la musique de Jean-Sébastien Bach, décédé il y a 268 ans, s'est amusé à reproduire l'un des morceaux du compositeur allemand. Une prestation qu'il a tenu à publier sur son compte Facebook, comme beaucoup d'autres l'auraient fait.

Les articles 11 et 13 toujours autant controversés

Mais le musicien s'est vu censurer une partie de son travail, la faute à un passage de 47 secondes soi-disant détenu... par Sony Music Entertainment. L'intéressé n'a pas mis longtemps à exprimer son mécontentement sur Twitter, récoltant ainsi nombre de messages de soutien. Mais surtout, cette censure s'inscrit dans un contexte tendu à l'heure où la loi sur le copyright est au cœur des débats du Parlement Européen.



Après un premier rejet en juillet, les plus que controversés articles 11 et 13 de la directive vont en effet faire l'objet d'un nouveau vote (après des propositions d'amendement) lors de la session plénière du 12 septembre. Si le premier instaure un « droit voisin » pour les éditeurs de presse, le second, comme l'explique le site spécialisé Developpez, « va rendre obligatoire l'utilisation de technologies de filtrage basées sur les algorithmes afin d'identifier si les contenus téléchargés (textes, images ou vidéos) sont protégés par le droit d'auteur », pour reprendre leurs propos.

Une loi allant à contre-courant de la philosophie de Youtube et Facebook

Autrement dit, une oeuvre sera automatiquement filtrée avant sa publication. Et en cas de copie repérée par les algorithmes, sa mise en ligne pourrait tout bonnement capoter.

Jouer et diffuser un simple morceau de Bach, comme a tenté de le faire James Rhodes, serait par exemple impossible au regard du passage appartenant à Sony. Un comble pour des plateformes comme Youtube et Facebook, où la liberté d'expression est supposée faire partie de leur philosophie.
Maryne
Par Maryne

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Momozemion

Des droits sur Bach…

Et moi, si j’ai l’idée du siècle, je dois payer pour la protéger 25 ans.

_Troll

Comment une entreprise peut-elle s’approprier le patrimoine de l’humanité ?

nicgrover

La Musique de Bach appartient à l’Humanité et est dans le domaine public depuis des lustres. Sony ne détient rien de la musique du Cantor de Leipzig… seules les interprétations relèvent des droits d’auteurs… Sony possèdera les droits sur une oeuvre ou partie interprétée à sa demande ou dont il a acheté les droit, dans ce cas c’est normal (même si c’est un peu con…); en revanche si James Rhodes à mis sur YouTube le morceau interprété par ses soins, là Sony ne peut rien dire (enfin je crois car quand c’est une vulgaire histoire de pognon, on ne sait jamais…).

cirdan

Donc, la fameuse loi en gestation sur le droit d’auteur est censée favoriser ce genre de chose en le rendant plus facilement détectable. Apparemment, elle est pas indispensable pour tout le monde. Par contre on peut se demander pourquoi Sony aurait un droit exclusif sur un bout de morceau de Bach. Dommage que l’article ne le précise pas, parce que c’est bien ça qui est choquant dans l’histoire. En plus il ne semble pas que le musicien allait en tirer un profit. Ca va pas être facile de trouver un équilibre entre les ayant-droits et le droit d’expression.

Yves21_haut

Copyrights sur l’alphabet… Et voilà… Plus personne ne pourra écrire:)

Al_Jardine

Ce que l’article ne dit pas c’est qu’il s’agit là au départ d’une dérive de plus de la soi-disant « intelligence » artificielle appliquée sans discernement à la protection des intérêts des industriels de la musique.

Il s’avère que les algorithmes de Facebook ont détecté sans aucune intervention humaine (on est là quasiment dans le domaine du droit divin…) une grande similitude avec une version de l’œuvre de Bach dont SONY MUSIC est propriétaire qui enfreint les lois sur la propriété intellectuelle en vigueur aux États-Unis, patrie d’origine de la société de M. Zuckerberg. L’infraction porte sur un passage de l’œuvre d’une durée de 47 secondes dont le style, (le phrasé, le toucher, le rythme, la dynamique, l’utilisation des pédales, etc.) ressemblent à s’y méprendre à ce que le divin mouchard de Facebook considère comme étant la version « originale » de l’œuvre.

En clair… ce qui est reproché à James Rhodes ce n’est pas de jouer une œuvre de J.S. Bach mais de la jouer d’une manière qui présente une trop grande similitude avec la célébrissime version du célèbre pianiste Glenn Gould mort en 1982 dont SONY CORPORATION est propriétaire depuis le rachat du catalogue de Columbia (CBS).

Néanmoins, au vu du parcours… dirons-nous, un tantinet original… de M. Rhodes… il convient peut-être de faire preuve dans ce cas particulier d’une certaine prudence… se poser notamment la question de savoir quelle serait l’attitude de ceux qui gèrent ses intérêts financiers et autre droit à l’image ou propriété intellectuelle le jour où d’aventure un clone Youtubiste s’amuserait à en faire une copie conforme et de diffuser le fruit de son travail sur les réseaux sociaux.

Tout semble plutôt indiquer dans cette affaire qu’il s’agit plus d’une prise de bec entre la start-up du très médiatique J. Rhodes et SONY MUSIC qu’une remise en cause des limites du domaine public.

cirdan

Merci pour ton commentaire qui complète un article un peu léger et tape-à-l’œil.

Al_Jardine

Pour ceux qui sont en mesure de lire un bouquin de 300+ pages en anglais et qui ont envie de creuser, il existe un ouvrage rédigé par un véritable professionel avocat exerçant aux USA et au Canada.

The Public Domain: Enclosing the Commons of the Mind by James Boyle.

Vous y trouverez une bonne introduction d’ordre général à cette problématique présentée dans un langage accessible à tout un chacun et exempte de toute dérive de nature polémique ou propagandiste.

Le livre est disponible en divers formats (html, epub, kindle, pdf…) sur le site US de Project Gutenberg et il peut être lu en ligne ou téléchargé gratuitement :

Je ne crois pas que ce livre ait fait l’objet d’une traduction française.

DrCarter95

j’espère qu’y aura pas de copyright sur l’oxygène un jour.

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