Directive droit d'auteur : le Sénat parle d'une "tactique délétère et dangereuse de la part de Google"

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 27 septembre 2019 à 11h02
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© senat.fr

Alors que Google se refuse à payer une licence pour reprendre les contenus des éditeurs dans le cadre de la Directive Copyright, le Sénat contre-attaque en mettant la pression sur le géant américain.

Le temps presse pour Google, pour les éditeurs de presse et pour le Sénat. Jeudi, les sages ont sévèrement dénoncé la décision de Google de refuser de se conformer à la législation en vigueur sur les droits voisins des agences de presse et des éditeurs de presse. La firme de Moutain View indique ne pas avoir l'intention de payer une licence « pour la reprise d'un extrait d'un contenu », question de « principe » selon le vice-président de Google chargé des médias, Richard Gingras. Pour rappel, la loi a été approuvée au niveau européen et a bien été transposée dans le droit français.

Les sénateurs font état de représailles à venir

La France, premier pays européen à avoir transposé la directive, se heurte à la position de Google, qui boude contre cette réforme historique. L'auteur et rapporteur de la proposition de loi, David Assouline, déplore une attitude « qui relève d'une tactique délétère et dangereuse de la part de Google qui, plus que tout autre, devrait prendre conscience de l'importance de préserver la culture et la qualité de l'information dans les pays où il officie. »


Pour l'élu socialiste, les géants du numérique ont tout intérêt à prendre conscience rapidement qu'il est primordial de créer des relations « harmonieuses et respectueuses » avec les éditeurs. « Toute autre attitude de leur part, en plus d'appauvrir leur offre, sera jugée sévèrement par les peuples et les gouvernements de l'Union européenne, qui sauront s'en souvenir à très court terme », prévient-il.

Le Sénat alerte la Commission européenne sur « l'impossibilité de travailler en confiance » avec les géants du numérique

Le sénateur centriste des Yvelines, Michel Laugier, va même plus loin en déplaçant la discussion sur le terrain économique. Alors que la presse vit des années difficiles et peine à se réinventer, la Directive Copyright pourrait « permettre à la presse de retrouver un équilibre financier nécessaire à son développement. »

La présidente de la commission de la culture, de la communication et de l'éducation, Catherine Morin-Desailly (Sénatrice centriste de la Seine-Maritime), pose le problème de la trop grande place prise par les géants du numérique dans l'accès à la culture. Elle invite ainsi la Commission européenne à noter et à relever « l'impossibilité de travailler en confiance avec des sociétés qui vendent en secret nos données personnelles pour des objectifs douteux, mais refusent de payer pour l'accès à l'information. »

Google invite les éditeurs de presse à choisir la manière dont leurs contenus doivent apparaître sur Google Actualités. Ces derniers peuvent utiliser des balises Meta spécifiques aux extraits et aux vignettes et les activer au niveau de chaque page, s'ils veulent que les extraits affichés soient plus « conviviaux. »
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Aristote76

De toute manière personne les écoutent que ce soit en audio ou sur les réseaux

nikon561

donc respecter la loi. a la lettre. c’est çà la tactique “délétère et dangereuse”?

m_enfin

Google n’est pas un service public ni une administration française. Si Google veut changer l’interface de ses services en ligne, ça ne regarde que lui…

tmtisfree

Jeudi, les sages ont sévèrement dénoncé la décision de Google de refuser de se conformer à la législation en vigueur sur les droits voisins des agences de presse et des éditeurs de presse.

Cette phrase est incorrecte : Google s’est bien conformé à la loi. Ce que Google refuse, c’est de payer la p(a)resse subventionnée pour des extraits d’infox/fakenews/intox/etc. dont personne n’a démontré qu’ils avaient une quelconque valeur.

Ce n’est pas faute d’avoir prévenu ces pingouins que leur loi était inutile puisque Google avait déjà montré comment il allait procéder en Allemagne et ailleurs.

RaoulTropCool

Ils veulent les faire payer pour faire de la pub gratuite… que Google ne référence plus dans ses actus les éditeurs que ça gène et comme par magie ça ne gênera plus personne.

orionb1

ces personnes ont décidé que c’était à Google de payer pour le soutien à la presse mais pourquoi serait-ce logique ?

AlexLex14

Google fait mine de ne pas s’en rendre compte, avec son giga-monopole, mais il ne faut pas oublier que ce sont les contenus qui font sa gloire.

Admettons que du jour au lendemain, tous les éditeurs (médias petits ou grands, Wikipedia etc…) décident de ne plus être référencés sur Google. Le moteur Google sera d’un coup bien moins intéressant et valorisé.

L’un ne va pas sans l’autre (d’après moi).

Maga83

Tous ces beaux messieurs l’ont déjà dans l’os… Google a modifié son truc… il n’y a plus que les titres, ne référence plus les articles payants… encore une loi pour rien.

orionb1

mais quel intérêt auraient-ils à faire cela ?

pepe_nana

selon vous…

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