Match Group (Tinder) poursuivi par la justice américaine pour fraude et pratiques déloyales

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 30 septembre 2019 à 07h15
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Le groupe américain, développeur des applications mobiles Tinder, OkCupid et Match.com, pousserait ses utilisateurs à souscrire à des abonnements payants, les exposant ainsi aux arnaques.

Outre-Atlantique, Match Group est dans la tourmente. La société américaine, connue pour avoir mis sur orbite la populaire application mobile Tinder, est poursuivie en justice par la Federal Trade Commission (FTC), l'agence américaine qui lutte contre les pratiques déloyales et anticoncurrentielles. Celle-ci l'accuse d'avoir utilisé de fausses publicités, masquées derrière de faux comptes pour la plupart, pour pousser des dizaines voire des centaines de milliers d'utilisateurs à souscrire à des abonnements, pourtant gérés par des « arnaqueurs », pour reprendre le terme de la FTC.

Une procédure de désabonnement à une offre frauduleuse particulièrement compliquée

Les poursuites judiciaires engagées par la FTC concernent l'application Match.com. Par principe, la création d'un compte sur l'appli est gratuite. Seulement, si les utilisateurs souhaitent répondre aux messages envoyés, ils sont contraints de souscrire à un abonnement payant, lui. Match a alors envoyé des messages électroniques à de nombreux utilisateurs non-abonnés, leur indiquant qu'une personne avait manifesté un intérêt pour eux.

Ces mails poussaient les utilisateurs à basculer vers un abonnement payant de façon à découvrir le message et l'identité de la personne avec laquelle elles avaient « matché. » Le problème est que les centaines de milliers de comptes qui ont généré ces courriers électroniques avaient déjà été signalés comme potentiellement frauduleux par la société Match.


De nombreux abonnés sont donc tombés dans le panneau en souscrivant à un abonnement, piégés par des publicités trompeuses, envoyées par des individus malintentionnés, avec une quasi-impossibilité de se désabonner du fait d'une procédure rendue trop compliquée. Si les comptes frauduleux ont ensuite pu être supprimés, il était déjà trop tard, puisque les utilisateurs avaient souscrit à un abonnement avant la fermeture du compte Match frauduleux.

Sur Match, 25 à 30 % des membres inscrits sont des fraudeurs

Pour attirer leurs proies dans leurs filets, les cybercriminels parvenaient à créer des relations de confiance avec leurs victimes, avant de leur demander de leur prêter ou de leur donner de l'argent. Les utilisateurs frauduleux faisaient par exemple miroiter une gratuité pendant six mois de l'abonnement s'ils ne parvenaient pas à rencontrer l'élu de leur cœur.

Sur Match, la FTC révèle qu'entre 25 et 30 % membres inscrits sont en réalité des fraudeurs, qui ne recherchent qu'à escroquer d'autres membres, via les techniques de l'escroquerie romantique, du phishing ou de l'extorsion. Les « bons mois », entre 2013 et 2016, plus de la moitié des messages instantanés adressés aux utilisateurs provenaient de comptes identifiés comme étant frauduleux par le développeur.

Pire, de juin 2016 à mai 2018, Match a révélé que 499 691 abonnements furent validés dans les 24 heures suivant la réception d'une newsletter frauduleuse. La FTC note d'ailleurs que les « escroqueries romantiques » constituent la source principale de pertes déclarées en matière de fraude avec 143 millions de dollars l'année dernière.


Que reproche concrètement la FTC à Match ?

La FTC reproche à Match de ne pas avoir clairement informé les mobinautes de sécuriser leur compte en faisant approuver une photo de profil dans les sept jours après l'achat, ni qu'il leur fallait envoyer un message à cinq abonnés différents chaque mois. Selon la commission, les clients « ignoraient souvent qu'ils devaient se conformer à des conditions supplémentaires pour pouvoir bénéficier du Match gratuit de six mois promis ».

Alors que, théoriquement, les abonnés devaient bénéficier d'un abonnement gratuit de six mois faisant suite aux six premiers mois d'abonnement, ils ont été facturés d'un nouvel abonnement de six mois. La plainte précise que les salariés de Match ont eux-mêmes évalué le processus d'annulation de l'offre souscrite de « difficile à trouver, fastidieux et déroutant », indiquant que « les membres pensent souvent qu'ils ont annulé alors qu'ils ne l'ont pas encore fait et qu'ils se retrouvent avec des renouvellements non souhaités ». La plainte de la FTC a été déposée devant le tribunal fédéral du district nord du Texas.

Source : FTC
Alexandre Boero
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