Loi contre les contenus haineux : le Sénat adopte le texte mais retire l'un de ses éléments essentiels

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 18 décembre 2019 à 15h07
sénat-france.jpg
Le palais du Luxembourrg, où siège le Sénat à Paris (© Pixabay)

Le texte censé lutter contre la haine en ligne a bien été adopté par les sages, mardi. Mais il a aussi et surtout été amputé d'une de ses mesures symboliques, au nom de la « liberté d'expression ».

Le Sénat a voté, dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 décembre, la proposition de loi déposée en mars dernier par la députée de la majorité Laetitia Avia. Alors qu'à l'origine, le texte consistait à obliger les plateformes en ligne à retirer, dans les vingt-quatre heures, les contenus « manifestement » illicites, les sénateurs ont fait fi de cette disposition, supprimée au nom de la liberté d'expression. Le délit de « non-retrait » du contenu haineux disparaît donc de la proposition.


Le délai contraignant de 24 heures pour supprimer les contenus haineux écarté

Depuis son dépôt sur le bureau de l'Assemblée nationale, la loi contre les contenus haineux est passée plusieurs fois dans la machine à laver. Le Conseil d'État et la Commission européenne ont fait savoir aux élus français que le texte mettrait à mal la liberté d'expression, redoutant que sa partie répressive ne pousse les plateformes à supprimer des contenus au moindre doute, même lorsque ceux-ci s'avèrent finalement licites.

« Le risque de sur-censure est bien sûr au cœur de nos préoccupations, c'est pourquoi l'Assemblée nationale a renforcé les garde-fous. Entre protection des victimes et respect vigilant de la liberté d'expression, il faut tenir sur une ligne de crête », a pourtant tenté de convaincre Cédric O, le secrétaire d'État au Numérique, au Sénat ce mardi.


L'Assemblée nationale va récupérer le texte pour une deuxième lecture

Mais la chambre haute du parlement a donc bien écarté, en révision de la proposition, l'obligation pour les acteurs du numérique et moteurs de recherche de retirer, sous vingt-quatre heures, les contenus « manifestement » illicites. Ce que regrette évidemment le secrétaire d'État : « À l'article premier, le Sénat a supprimé la référence aux 24 heures - ce qui me semble excessif. Nous y reviendrons dans le débat ».

Alors que la haine en ligne n'a jamais été aussi forte et aussi répandue, les députés et les sénateurs vont désormais devoir se mettre d'accord sur un texte commun. En l'état, la navette parlementaire poursuit son cours. Le texte modifié en première lecture par le Sénat a été transmis à l'Assemblée nationale pour une deuxième lecture. Si les deux chambres ne parviennent pas à se mettre d'accord, c'est l'Assemblée qui devra trancher.

Source : Sénat
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
lepef32

South park prems !

nikon561

et heureusement, car en effet 2 solutions:

pour les grosses plateformes => sur-censure.
pour les petites => fermeture des espaces de commentaires.

ariakas

Je vois sur Facebook, c’est censure sur certains sujets.
Et c’est bien ciblé en plus.
Je vois certains commentaires largement antisémites passent sans soucis et la modération s’en fout complètement y compris propos négationnistes ou incitant au meurtre.
Par contre, 1 mot contradictoire sur le conflit Israelo-Palestinien et c’est blindage de compte pour 1 mois.
Pareil, 1 mot sur les articles publiées par le journal Libération et Le Monde dans les années 70, hop, blocage 1 mois.
On a même plus le droit d’évoquer ce qui s’est passé à la crêche babyloup après le procès du licenciement d’une dame.
Je n’ose imaginer ce qui se passerait si l’on évoquait l’attentat Rue des Rosiers et du marchandage de la France envers les terroristes pour une amnistie en échange de l’arrêt des attentats.

C’est un gros problème tout ça niveau démocratie

nikon561

tout a fait d’accord. il y a des abus dans les deux sens, et c’est effectivement problématique.

Mrpolnar

il y a 10000 fois plus de contenus anti islam et raciste que de contenus antisemites.

ariakas

L’antisemitisme n’est pas du racisme ?

backsec

Il en fait la distinction car la loi fait cette distinction.

ariakas

Je répète: « pour toi, l’antisemitisme n’est pas un racisme ? »
Répondez franchement vous aussi au lieu de taper en touche
C’est oui ou c’est non

Mrpolnar

C’est un racisme mais je remarque qu’on est plus prompt à poursuivre des antisémites que des racistes.

ariakas

Ta phrase résume tout.
C’est Parfait, ne changeons rien, c’est Noël, merci pour le cadeau.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles