Starship

Le 7 octobre, le service de transport logistique du Pentagone a annoncé qu'il étudiait avec SpaceX la possibilité d’utiliser des fusées spatiales pour transporter du matériel militaire n’importe où sur Terre en quelques minutes.

Une telle opération, si elle voit le jour, pourrait révolutionner la conduite logistique des opérations militaires. Néanmoins, de très nombreuses contraintes pourraient rendre cette initiative illusoire, au moins dans les prochaines décennies.

Du transport logistique militaire pour SpaceX ?

En lançant son Starship, Elon Musk n’a jamais caché son ambition : faire du vaisseau spatial un véhicule interplanétaire vers la Lune et Mars, mais aussi un outil de transport hypersonique sur Terre. En théorie, une telle fusée pourrait effectivement permettre de transporter des passagers n’importe où sur Terre en moins d’une heure. Mais une telle opération ne serait faisable qu'au prix de risques, de coûts et de nuisances environnementales sans doute insurmontables pour le grand public.

Finalement, le rêve du fondateur de SpaceX pourrait prendre vie sous la houlette du Pentagone, qui n’est pas soumis aux mêmes contraintes que le transport aérien civil. L’US Transportation Command (TRANSCOM), en charge de la logistique des armées américaines, a récemment annoncé étudier avec SpaceX la possibilité de déployer du matériel militaire n’importe où à la surface du globe en moins d’une heure. D’ici l’année prochaine, TRANSCOM devrait établir la faisabilité de l’idée. Et donc la marche à suivre pour les futures activités militaires de SpaceX.

Des limites quasiment infranchissables

En théorie, SpaceX pourrait proposer deux solutions au TRANSCOM : la fusée pourrait décoller du sol américain, ou bien être pré-positionnée en orbite, prête à se poser n’importe où, à la demande. Une fusée de type Starship pourrait ainsi transporter plus de 100 tonnes de matériel en moins d’une heure. En comparaison, un avion C-17 Globemaster III met plusieurs dizaines d’heures pour acheminer 80 tonnes d’équipement.

Cependant, les barrières techniques, financières et opérationnelles seraient nombreuses :

  • Sur la zone d’atterrissage, comment décharger une fusée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur ?
  • Une fois la fusée posée, comment assurer son retour ? Comment la ravitailler? Comment éviter qu'elle ne tombe entre les mains adverses en cas de défaite militaire ?
  • Un départ de fusée étant semblable à celui d’un missile nucléaire, comment éviter toute confusion et donc toute riposte atomique adverse ?

À ces questions essentielles s’ajoutent celles, traditionnelles, de la logistique. Si une fusée peut mettre une heure pour traverser le globe, la préparation d’un vol prends, en temps normal, des jours voire des semaines. De quoi limiter l’intérêt de l’opération.

Mais, surtout, la question du coût sera essentielle. Même optimisé au mieux, un lanceur spatial coûtera toujours considérablement plus cher qu’un avion-cargo et du matériel prépositionné à proximité du théâtre des opérations.

Pour l’heure, l’intérêt du TRANSCOM pour les fusées de SpaceX semble donc plus prospectif qu’autre chose. Mais nul doute que les forces armées américaines surveilleront de près les avancées technologiques dans le domaine des véhicules spatiaux réutilisables.

Source : Air Force Mag