Samsung a frappé fort dimanche soir à Barcelone pour la conférence de presse d'annonce des nouveaux Galaxy S7 et S7 Edge : dans une salle conçue pour accueillir plusieurs centaines de journalistes, chaque invité a découvert sur son siège un casque de réalité virtuelle Gear VR. Plutôt que d'être assis en rang face à une scène statique, ils étaient ainsi invités à vivre plus intensément l'événement, au moyen d'une transmission vidéo à 360 degrés.
Le point d'orgue surprise de la présentation consistait en un invité de marque : Mark Zuckerberg, dépêché à Barcelone pour réaffirmer l'importance du partenariat conclu Oculus (racheté par Facebook) et Samsung autour de la réalité virtuelle, considérée selon ses mots comme le moyen de se « téléporter » dans une nouvelle ère de divertissements et d'interactions sociales.
Son arrivée dans la salle s'est faite tandis que tous les journalistes suivaient le show orchestré par Samsung au sein de leur casque de réalité virtuelle. C'est uniquement après que Zuckerberg eut atteint la scène centrale que le monsieur Loyal de la soirée a invité l'assistance à tomber les masques pour découvrir in real life cet invité surprise de renom. Immédiatement, il s'en est suivi une cohue bien réelle, des dizaines de journalistes se ruant vers la scène pour tâcher d'immortaliser d'une photo la présence d'un Mark Zuckerberg en baskets et tee-shirt informe.
L'intéressé a lui aussi partagé ce moment via son réseau social favori. Une simple photo, postée sans commentaire, rapidement commentée et partagée plusieurs milliers de fois. On le voit traverser la salle, sourire aux lèvres, longeant les dizaines de rangées de sièges qui accueillent les journalistes. L'image serait anecdotique si l'assistance réagissait d'une façon ou d'une autre à la présence de cet hôte de marque... mais personne ne le remarque.
La photo montre cependant un public dynamique : à l'inverse d'une salle de spectacle classique, où tous les regards sont tournés dans la même direction, beaucoup sont en mouvement. Au deuxième plan par exemple, un homme se tourne vers l'arrière de la salle, comme si son attention avait été soudainement attirée. Beaucoup regardent vers le côté droit, à l'opposé du fondateur de Facebook.
Au même niveau que Zuckerberg, un homme se détache de l'image, avec sa chemise claire et son ordinateur sur les genoux, qu'il ne regarde pas. Lui se tient la tête droite, immobile, le visage marqué par des commissures tombantes, comme une grimace de désapprobation.
Sous la publication initiale, de nombreux commentaires reviennent sur le caractère étrange de cette photo. En sémiotique, on s'attacherait sans doute à préciser la nature du décalage constaté entre ce que reflète l'image et ce que s'attend à y trouver celui qui la regarde. Sur Facebook, on fait plus simple et plus direct : « Damn, it's kind of creepy » (merde, c'est un peu flippant), résume le commentaire mis en avant par les algorithmes du réseau social, approuvé par près de 9 000 autres internautes.
D'autres vont plus loin, évoquant pèle-mêle le 1984 de George Orwell, la célèbre publicité Apple qui s'en inspire ou la récente série Black Mirror, qui tous dessinent une dystopie dans laquelle l'humain devient assujetti à la technologie.
Pour l'essentiel, les commentaires sont connotés négativement, insistant sur le côté clivant et effrayant de la réalité virtuelle plutôt que sur les nouveaux usages positifs qui peuvent en découler. S'agit-il pour autant d'une erreur de communication ? Probablement pas : Zuckerberg et Samsung créent une forme de surprise avec cette photo, qui souligne à sa façon comment la « VR » introduit une rupture avec l'existant.
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