Xavier Niel, titillé par une question que lui a posée le sénateur Patrick Chaize, a fait preuve d'une certaine virulence, mercredi 22 mars.
Nous avions rarement vu un Xavier Niel aussi remonté en public. Le patron de Free, qui faisait face aux membres de la commission des affaires économiques du Sénat, s'est emporté après une question sur la stabilité des prix des offres de Free sur le mobile et la capacité de l'opérateur à tenir cette dernière. « Là, je marche sur la Lune », lui a répondu le pionnier du triple play. Récit d'un moment… tendu.
Xavier Niel vexé d'être interrogé sur les tarifs de Free Mobile
Xavier Niel était assez bouillant cette semaine lors de son passage au Palais du Luxembourg. Bien chauffé sur la question de l'arrêt prochain du cuivre pour lequel son concurrent Orange semble traîner des pieds, le dirigeant en a profité pour lancer une pique à l'audience au sujet des marges dégagées par le groupe M6. Il a expliqué que les opérateurs télécoms étaient beaucoup trop taxés, alors que les obligations qui pèsent sur eux sont bien plus importantes que celles imposées aux chaînes de télévision.
Immédiatement, Xavier Niel a embrayé sur le point des tarifs de son opérateur mobile, interrogé là-dessus par le vice-président Les Républicains de la commission, Patrick Chaize. « Vous avez une politique tarifaire agressive qui annonce une stabilité de vos tarifs sur les années qui viennent. Est-ce tenable ? Allez-vous pouvoir tenir vos engagements ? » lui a demandé le sénateur.
« Vous êtes en train de me dire "augmentez vos prix" ? Je fais mon métier ! », a lancé Xavier Niel, le ton vif et couvrant les « on se calme » de l'un des sénateurs présents dans la salle. Il a ensuite assuré : « Je vais baisser le volume » avant d'être de nouveau chahuté par un sénateur.
Le patron de Free ne veut pas que l'on remette en cause ce qui fait sa force
« Monsieur, si vous ne souhaitez pas que je sois là, je peux m'en aller et, je vous promets, je suis venu ce matin spontanément et gentiment […]. Vous venez m'agresser sur des sujets précis. » Après un apaisement de la présidente Sophie Primas, Xavier Niel tente de reprendre sa justification sur la stabilité des tarifs mobiles.
« Les bas prix font partie de nos atouts, de ce qu'on apporte aux Français, du pouvoir d'achat. Dans un monde où on va avoir des problèmes incroyablement supérieurs à ceux que l'on a en ce moment sur d'autres réformes, avec des hausses de prix de 10 à 15 %, qu'une société soit responsable, dans ce pays, et dise "je ne vais pas augmenter mes prix" ne me paraît pas être une chose sur laquelle on devrait avoir des remarques. »
« Ne faites pas dans la provocation » : le débat sur les prix est tendu
La présidente de la commission a alors essayé de calmer le jeu, rappelant que la question du sénateur Chaize était de savoir s'il était tenable, pour Free Mobile, de pratiquer des prix bas sur le long terme. Pour mémoire, l'opérateur a promis de ne pas augmenter ses tarifs au moins pour les cinq prochaines années.
« Écoutez, moi je suis heureux de vous faire pitié, de vous faire de la peine, et je vous en remercie, c'est assez rare », a alors rétorqué le patron de Free. « Ne faites pas dans la provocation, monsieur Niel, nous ne sommes pas partis sur le bon pied », a alors lancé la présidente.
Xavier Niel a rappelé que l'investissement restait la priorité de Free, même si « à la fin, il n'en reste pas beaucoup » (d'argent). La situation a fini par s'apaiser, le chef d'entreprise a mis de l'eau dans son vin et présenté ses excuses au sénateur invectivé. On aura néanmoins compris qu'il n'était pas question pour l'opérateur de toucher aux tarifs de ses forfaits mobiles. Au-delà de la vive discussion, le débat était plus qu'intéressant. Des échanges d'ailleurs à retrouver en vidéo, sur le site du Sénat.