Aux Etats-Unis, l'administration Obama a décidé de passer en revue 26 projets liés aux nouvelles technologies, évalués à 30 milliards de dollars sur un total de dépenses dans les IT de 80 milliards. Le plan d'évaluation est en cours pour couper court aux projets qui n'atteignent pas leurs objectifs.
Parmi les plus gros contrats identifiés, on trouve un projet de 1,5 milliard de dollars pour la mise-à-jour des équipements dédiés au trafic aérien (pris en charge par Lockheed Martin), un autre de 281 millions pour la gestion des applications de brevets (géré par Computer Science), et un troisième dédié à AT&T, pour améliorer les télécommunications du ministère des Finances, à hauteur de 350 millions de dollars.
« Il faut y mettre fin »
Cette nouvelle étape dans l'investissement du gouvernement américain dans les IT découle en fait du plan mis en place le mois dernier par l'ancien directeur du budget de la Maison blanche, Peter Orszag, avant son départ de l'administration. Il avait ordonné l'évaluation des dépenses annuelles - qui montent tout de même à 80 milliards de dollars - de l'Etat dans les projets technologiques. L'ancien directeur du budget souhaitait déterminer si une politique de surveillance laxiste sur l'attribution du budget avait pu conduire à des dépassements en terme de coûts, des délais et l'implémentation de systèmes obsolètes.
« Nous devons mettre fin à une culture qui existe à Washington, et qui consiste à jeter de l'argent par les fenêtres, » explique le responsable de la communication du Président Obama, Vivek Kundra, au cours d'une conférence téléphonique. « Si ces projets peuvent être évités, s'ils n'apportent aucune valeur ajoutée, nous prendrons les décisions appropriées. Il faut y mettre fin. »
Les projets mis en cause vont de 64,5 millions alloués au ministère du Commerce pour un système d'information à 7,6 milliards pour un système dédié au ministère de l'Intérieur. Des entreprises comme IBM pourraient être touchées. Big Blue travaille sur un système de localisation des cargos pour le département de la Sécurité intérieure. Un contrat évalué à 4,5 milliards de dollars.
Lutte contre les déficits
La Maison blanche a travaillé en coopération avec les agences gouvernementales pour déterminer quels projets doivent être inclus sur une liste « de haute priorité », pour les rendre plus efficaces. Pour expliquer le point de vue de l'administration, Kundra donne l'exemple d'un projet du ministère des Anciens combattants, lancé pour 250 millions en 1998, stoppé en 2004, relancé en 2005 puis à nouveau arrêté « après des dépenses de plusieurs millions de dollars. »
Si on ne sait pas encore quand la décision finale d'arrêter certains projets sera prise, les entreprises concernées commencent à réagir. Plutôt prudemment, il faut dire. Lockheed Martin, par exemple, a déclaré par le biais de sa porte-parole Emily Simone « apprécier l'implication du gouvernement dans l'exécution des programmes IT. » Pas de réaction de la part du géant des télécoms AT&T, par contre, et Computer Science, IBM et Raytheon devraient faire des déclarations prochainement.
Le déficit budgétaire des Etats-Unis est évidemment au coeur de l'effort de l'administration Obama. Il faut dire qu'à l'instar de la France, les Etats-Unis ont fait l'objet d'une note rendue publique la semaine dernière par Moody's. L'agence estimait que les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne « sont confrontés à des défis plus importants qu'il y a quelques mois. » Une dégradation de la note souveraine de ces Etats n'était pas envisagée dans la note interne de Moody's, qui ne souhaite pas lancer une alerte aux gouvernements « pour les forcer à réduire leurs déficits. » Il n'empêche, comme la France qui jongle périlleusement avec la notion de ri-lance, les Etat-Unis semblent tenter par tous les moyens de réduire leurs dépenses superflues. Le déficit budgétaire outre-Atlantique devrait atteindre le record de 1,5 billion de dollars cette année selon la Maison blanche, soit 10% du PIB national. Obama a déjà ordonné le gel pour trois ans des programmes de sécurité qui ne concernent pas la défense ou la sécurité nationale, et a demandé à certaines agences de réduire leur budget de 5%.