Deux mois après le coup d’État militaire en Birmanie, les soulèvements populaires contre les putschistes se multiplient et s’organisent de mieux en mieux. Pour tenter de museler l’opposition, la junte militaire s’emploie à contrôler les moyens de communication. Vendredi dernier, cela s’est traduit par des coupures internet massives sur les réseaux mobiles et sans-fil.
Un coup dur pour les mouvements de résistances, qui tentent tout de même de s’organiser sans accès aux réseaux sociaux.
Le pays privé de connexion sans-fil
Dès le début du coup d’État, en février, les militaires birmans ont mis en place d’importantes restrictions dans les réseaux de communication. Comme on le voit depuis plus de dix ans maintenant, les mouvements de résistance populaire ont tendance à s’organiser via les réseaux sociaux. Pour contrer ce phénomène, le chef des forces armées Min Aung Hlaing a rapidement ordonné des coupures de réseau la nuit afin de ne pas pénaliser l’économie locale. De nombreux réseaux sociaux et sites d’information, dont Facebook, Instagram, Twitter et Wikipedia ont également été bloqués nationalement.
Mais, face à un mouvement de désobéissance civile massif et une rapide convergence des luttes, les putschistes ont entrepris en fin de semaine dernière de couper l’intégralité des réseaux nuit et jour. Pour l’heure, les réseaux filaires terrestres ne sont pas concernés. Mais les opérateurs de télécommunication locaux ont reçu l’ordre de couper tous les réseaux sans-fil jusqu’à nouvel ordre, qu’il s’agisse de l’Internet mobile ou de points d’accès Wi-Fi.
Il convient cependant de voir que, en Birmanie, les réseaux filaires sont utilisés principalement par les banques, les grandes corporations et, bien entendu, la junte militaire elle-même. La très grande majorité des citoyens, tout comme les petites et moyennes entreprises, s’appuient ordinairement sur des données mobiles ou des réseaux haut-débit sans-fil partagés.
Quelles conséquences pour le peuple birman ?
La coupure des réseaux devrait avoir de lourdes conséquences pour des millions de petits commerces et de petites entreprises, ce qui ne fera sans doute qu’accentuer les mouvements de résistance dans les jours à venir. Au fil des semaines, ces derniers ont cependant réussi à trouver des parades pour contrer le déni d’accès des militaires.
En effet, même si la Birmanie est officiellement démocratique depuis 2011, la main mise des militaires et les exactions massives contre la minorité Rohingya ont permis aux différents mouvements d’opposition de bien maîtriser les solutions de communication alternatives. Avant même l’interdiction des principaux réseaux sociaux, l’opposition s’était organisée via des applis chiffrées, de type Signal.
Depuis février, des applications de messagerie telles que Bridgefy et FireChat prennent de l’ampleur, puisqu’elles permettent de créer des réseaux maillés en utilisant le Bluetooth des utilisateurs. Des opposants réfugiés en Thaïlande servent également de relais d’information vers le reste du monde. Enfin, des activistes ont mis en place des radios pirates en bande FM, une solution simple mais toujours efficace.
On le voit, il devient de plus en plus difficile pour un gouvernement de contrôler l’accès à l’information de sa population, notamment en temps de crise. Et la démocratisation de l’Internet satellitaire dans les années à venir pourrait encore plus leur compliquer la tâche.
Source : The Verge