Un homme de terrain doué avec les chiffres peut aussi avoir ses lettres : les entrepreneurs qui composent le Conseil National du Numérique l'ont démontré jeudi par leur maîtrise de la litote. 17 d'entre eux (sur un total de 18 membres) ont effet préféré déclarer jeudi soir qu'ils souhaitaient « remettre leur mandat à la disposition du Président de la République et du gouvernement » plutôt que de parler de démission. Toute mesurée qu'il soit, leur communication collective témoigne d'un certain malaise au sein du collège suite à l'annonce de la nomination par décret, plus tôt dans la journée, de Jean-Baptiste Soufron au poste de secrétaire général du Conseil.
Selon les termes du communiqué annonçant son entrée en fonction, celui-ci est tout particulièrement chargé par le gouvernement de mener à bien une mission de « réflexion sur la gouvernance du numérique, notamment sur le rôle du Conseil National du Numérique ». S'agit-il là d'une remise en cause des travaux effectués par le Conseil depuis sa création, ou de la volonté du nouveau gouvernement d'imprimer sa marque sur cette institution créée par Nicolas Sarkozy en avril 2011 ?
Bien que certains aient sans doute leur avis sur la question, les démissionnaires préfèrent mettre l'accent sur leur bilan, eux qui ont toujours argué de leur mission consultative, représentant les professionnels du secteur et non les pouvoirs politiques.
. « Concernant la mission de réflexion sur l'évolution du rôle du CNNum - dont les membres sont tous et toutes entrepreneurs, dirigeants d'entreprises ou d'organisations professionnelles représentatives du numérique - le Conseil rappelle que, depuis sa création, de nombreux rapports et avis ont été émis en toute indépendance, contribuant ainsi à la dynamique de réflexion sur les moyens d'accélérer grâce au numérique, l'évolution de notre pays vers de nouvelles pistes de croissance, d'emplois et de qualité de vie pour nos concitoyens », soulignent-ils ainsi dans un communiqué, tout en indiquant rester à l'écoute des propositions du gouvernement.
« Le numérique est une chance pour la France, si nous savons la saisir... », glissent-ils encore. Après la litote, place aux sous-entendus ?