Durant le récent festival de Cannes, le directeur général de Canal+ Rodolphe Belmer a exprimé haut et fort une requête que le groupe murmurerait à l'oreille de l'État depuis plusieurs semaines : il faut, selon lui, que les FAI rendent prioritaire leur flux vidéo. L'arrivée de Netflix est, encore une fois, à l'origine de la demande.
BFM Business avait levé le loup il y a de cela quelques semaines : Canal+ a lancé une campagne de lobbying afin d'obtenir des pouvoirs publics une loi qui forcerait les FAI à favoriser son flux. Une requête qui va tout simplement à l'encontre de la sacro-sainte neutralité du net, qui doit garantir le même traitement et la même mise à disposition pour tous les contenus.
Qu'est-ce qui justifie une telle demande de la part du groupe Canal+ ? L'arrivée de Netflix. Rodolphe Belmer, répondant au micro de BFM TV, précise ainsi qu'une « concurrence déséquilibrée est en train de s'établir en termes de fiscalité, en termes d'obligations, en termes de masse et d'investissements », préconisant du coup de « créer des avantages compétitifs pour des acteurs comme nous », entendez ceux qui financent l'audiovisuel français.
Une idée qui n'est pas nouvelle, puisque cette dernière a été soufflée par Pierre Lescure, ancien président directeur général du groupe Canal+ et surtout rédacteur du rapport qui porte son nom, dans lequel il indiquait que « pour les services culturels en ligne les plus vertueux, une priorité dans la gestion des débits pourrait être envisagée, sous le contrôle de l'Arcep, et dans le respect des règles qui seront adoptées concernant la neutralité du net ».
Cette demande risque-t-elle d'embarrasser le gouvernement, qui devra trouver une réponse conciliant l'inconciliable ? Le ministère de la Culture a indiqué sobrement qu'une telle mesure n'était tout simplement pas à l'ordre du jour.