Chiffrement : Tim Cook (Apple), l'homme qui dit non aux USA

Alexandre Broutart
Publié le 21 décembre 2015 à 17h15
Suite aux attentats de Paris, le gouvernement américain aurait demandé à Apple la création de portes dérobées sur ses services de communication. Tout en acceptant une coopération avec les autorités, Tim Cook aurait rejeté cette requête.

Le PDG d'Apple refuse aux autorités américaines que soient créées des portes dérobées (les backdoors) dans le chiffrement des programmes d'Apple. Dans l'émission 60 minutes (CBS News), Tim Cook a confirmé cette version des faits tout en justifiant ses choix : « tout le monde peut accéder aux backdoors, les bons comme les méchants. »

Si elles permettent aux autorités de s'introduire dans les services de communication, ces « portes dérobées » affaibliraient considérablement la sécurité des systèmes informatiques et des données personnelles qui y sont attachées. Washington, tout comme l'Europe, fait pression sur les géants de l'informatique afin que les services de renseignement étatiques puissent avoir accès à ces appareils. Leur objectif est d'intercepter les terroristes djihadistes avant même qu'ils ne passent à l'action.

En France, les informations contenues dans un iPhone 4s saisi dans le cadre de l'enquête sur le 13 novembre (attentats de Paris) n'ont pu être déchiffrées.

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Tim Cook


Dilemme d'Etat

Comme le rappelle le journaliste Charlie Rose devant le PDG d'Apple, le sujet fait débat au sein même du gouvernement américain. Il s'agirait presque de statuer entre la sécurité d'une nation et celle de la vie privée de tout un chacun. Mais Tim Cook s'insurge : « Nous sommes les Etats-Unis d'Amérique, nous devrions avoir les deux ».

Le même dilemme agite les consciences politiques d'outre-Atlantique. Au Royaume-Uni, le projet de loi sur le renseignement (Investigatory Powers Bill) doit être approuvé par le parlement britannique fin décembre. D'après le Telegraph, celui-là inclut l'obligation pour les entreprises numériques de fournir des communications déchiffrées si le gouvernement le demande.

En France après les attentats de Paris, le Procureur de la République avait appelé à la fin du chiffrement dans un article du New York Times intitulé : Quand le chiffrement des téléphones bloque la Justice.

Hier, Hillary Clinton s'est dite compréhensive vis-à-vis de la position d'Apple sur le chiffrement lors d'un débat télévisé sur la chaîne ABC.


Quand les universitaires s'en mêlent

Darren Hayes, directeur de la chaire cybersécurité à la Pace University, considère que le problème pour Google et Apple est d'abord d'ordre financier. Si les géants du numérique ne cèdent pas, c'est que le risque d'une concurrence immédiate semble inévitable, une fois les portes dérobées créées. S'ils acceptaient la requête du gouvernement, d'autres compagnies en profiteraient pour promouvoir des services de communication plus sécurisés que les leurs.

Pour le professeur d'université, le problème pourrait trouver une issue moyennant une compensation financière satisfaisante pour les compagnies concernées. Il ajoute à titre de comparaison que la loi CALEA (Communications Assistance for Law Enforcement Act) préconise justement ce type de compensation financière pour que les opérateurs de télécommunication laissent le champ libre aux services secrets concernant les écoutes téléphoniques sur instruction judiciaire.

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