Dans un article paru lundi, Yahoo News déclarait avoir reçu une copie de la lettre de huit pages adressée par Tim Cook aux Parlementaires anglais. Le directeur général d'Apple exposerait dans celle-là de nouveaux motifs pour ne pas adopter définitivement le projet de loi sur le renseignement intitulé Investigatory Powers Bill.
Ce sont les articles sur le chiffrement des données qui inquiètent Tim Cook. Ainsi qu'il l'avait déjà fait savoir dans une émission télévisée sur la chaîne ABC, le PDG s'oppose à ce que des portes dérobées soient créées dans les logiciels de communication. Mais s'adressant cette fois directement au gouvernement britannique, Tim Cook se veut désormais plus incisif . Avisé des motivations sécuritaires qui agitent l'ensemble des gouvernements à l'heure actuelle, la rhétorique de Tim Cook se fait plus menaçante et inattendue : "Ce serait immobiliser des secteurs substantiels du High Tech et cela engendrerait de graves conflits internationaux". Un discours qui pointerait dans l'ensemble la sécurité du client : " en voulant combattre une minorité de cibles dangereuses, les autorités parviendraient surtout à blesser des citoyens respectueux de la loi".
Prenant de la distance avec ces propos, l'article de Yahoo News rappelle que des arguments moins altruistes avaient été avancés par la compagnie en octobre dans une réponse à la Cour de Justice américaine : "cela (les backdoors) menacerait trop la confiance qui existe entre Apple et ses clients et nuirait gravement à l'image de notre marque".
L'une des chambres de la Commission de Londres, lundi 21 Décembre
Théorie des dominos
Ce qui fait surtout peur aux compagnies, c'est que l'exemple britannique fasse boule de neige dans les autres pays. Si une telle loi passait, elle serait potentiellement bloquée par le droit américain. Mais jusqu'à quand ? Sous la pression de personnalités comme le directeur du FBI James Comey, les choses pourraient rapidement changer sur le sol natif d'Apple. Et Tim Cook d'enchérir : "Cela pourrait servir de catalyseur pour les autres pays, qui se serviraient de cela pour produire des lois similaires."Via un porte-parole, l'occasion a aussi été donnée à Microsoft d'exprimer des craintes similaires : " La législation doit éviter d'entrer en contradiction avec la loi des autres pays et contribuer à un système où les gouvernements puissent travailler ensemble, pas en concurrence."
Pendant ce temps-là au Royaume-Uni...
La commission chargée du dossier continue d'entendre tous les acteurs susceptibles d'apporter de l'eau au moulin parlementaire. Mercredi dernier, la National Crime Agency avançait que les enquêtes criminelles internes au pays en seraient facilitées, et non pas seulement la lutte anti-terroriste. "On peut mener des enquêtes à partir des téléphones surveillés, mais pas de Twitter par exemple. Si on pouvait avoir un accès à certaines applications, on pourrait aller plus vite que les meurtriers, connaître les réservations de billets de train..." assure la NCA, avant d'ajouter que "les capacités que nous demandons sont en lien avec l'évolution des possibilités de communication de ces criminels."Plus tard dans la journée, Jenny Jones, Membre de la Chambre des Lords, fera peser dans la balance des parlementaires des propos plus retors : "Les services secrets outrepassent déjà bien suffisamment leurs pouvoirs. ils ont par exemple établi des surveillances permanentes et non autorisées sur le Doreen Lawrence ou sur moi-même !"
Les parlementaires devront encore auditionner certaines personnalités avant de statuer sur chacun des articles prévus par le texte de loi.
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