La Commission parlementaire britannique publie les 120 témoignages des acteurs concernés par la Investigatory Powers Bill (loi relative au renseignement). Chargée d'étudier scrupuleusement chaque point du texte relatif aux nouvelles capacités des services secrets, l'organisme a été confronté aux récriminations écrites de Facebook, Google, Microsoft, Yahoo ou bien encore Twitter.
A l'unisson, ces "géants du Web" font savoir dans une lettre commune leur profond désaccord vis à vis de la future loi, assurant que celle-là « saperait inévitablement la confiance des utilisateurs en leurs services et produits ». La phrase fait allusion aux « portes dérobées » que les sociétés pourraient se voir obligées de créer dans leurs applications.
Les journaux britanniques prêtaient au départ à la secrétaire d'Etat Theresa May l'intention de supprimer tout chiffrement dit de bout-en-bout (seul le destinataire est en mesure de lire un contenu). Mais selon un membre de l'équipe du Premier ministre il n'en serait rien. L'objectif de la loi serait plutôt d'autoriser le gouvernement anglais à demander aux fournisseur de services de chiffrement le décodage de certains messages, sur mandat d'arrêt. Pour ce faire, les autorités devraient fournir des preuves suffisantes qu'une personne ou qu'un compte en ligne est susceptible de représenter une menace réelle.
Dans ce billet adressé à l'Etat britannique, les firmes américaines mettent également en avant un autre point délicat, rarement évoqué jusque-là dans les débats sur la surveillance et la sécurité des données utilisateurs. Outre « la confiance des usagers de nos services », l'accès aux données sur mandats d'arrêt pourrait aussi dégrader significativement les conditions de sécurité des employés même de ces sociétés. Ceux-là pourraient être inquiétés par des menaces et intimidations, dans le but de les forcer à délivrer des informations relatives à des comptes privés. Selon le rapport, cette éventualité prend appui sur les expériences passées de plusieurs des sociétés représentées.
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