D'après Brad Smith, président de Microsoft, il est primordial de poser des limites aux technologies de reconnaissance faciale. Sans quoi, le futur pourrait prendre des tours dignes des œuvres d'anticipation les plus alarmantes.
Comment encourager le progrès technologique sans entraver nos libertés individuelles ? C'est en somme la question qu'a posée Brad Smith, président et directeur du département juridique de Microsoft, lors du Web Summit à Lisbonne. Son inquiétude concerne principalement la reconnaissance faciale.
Anticiper les dérives de la reconnaissance faciale
Si elle est aujourd'hui utilisée à des fins « innocentes », comme déverrouiller son téléphone ou identifier des amis sur des photos, cette technologie pourrait être employée à mauvais escient à l'avenir. C'est ce qu'explique Smith : « Lorsque vous entrerez dans un magasin, le responsable pourra savoir la dernière fois que vous êtes venu(e) ou ce que vous aviez acheté ».Le président de Microsoft a ensuite ajouté que cette utilisation ne représenterait pas un risque très sérieux, en comparaison avec ce que pourraient en faire les autorités publiques. « Cette technologie pourrait offrir la possibilité au gouvernement de suivre n'importe quel individu, où qu'il aille », s'est-il alarmé, ce qui constituerait une réelle menace envers « les libertés civiles fondamentales sur lesquelles reposent les sociétés démocratiques ».
D'après lui, il est grand temps de s'interroger sur l'avenir de notre monde et sur les limites à imposer à ce type de technologie, avant de s'apercevoir, trop tard, que « 2024 ne ressemble à 1984 ».
Empêcher l'apparition d'un « Big Brother » dans la réalité
1984 est un roman de George Orwell paru en 1949. Il dépeint une société britannique où la liberté d'expression a totalement disparu et où tous les individus sont sous la surveillance de « Big Brother ». Brad Smith craint donc de voir un scénario similaire se produire à cause d'un recours démesuré à des technologies comme la reconnaissance faciale.Cela peut paraître paradoxal de voir un grand groupe comme Microsoft s'élever contre ce genre de dérives. Mais au même titre que d'autres géants de la tech, comme Facebook ou Apple, l'entreprise estime qu'elle ne fait que proposer des outils et qu'il est du devoir des pouvoirs publics d'en réglementer les usages.
Les gouvernements sont-ils prêts à prendre ce problème à bras-le-corps ? Rien n'est moins sûr, à l'heure où la Chine a franchi un nouveau pas dans la surveillance, avec un système à reconnaissance de démarche.
Source : Recode