L'horloge de l'apocalypse est désormais au plus près de minuit depuis sa création par les directeurs du Bulletin of the Atomic Scientists en 1947. La multiplication de fausses informations et la course aux armements spatiaux ont conduit les scientifiques à la placer à 100 secondes de l'heure fatidique.
Depuis 2018, l'horloge était à 120 secondes de minuit. Un chiffre commun avec l'année 1953, lorsque les États-Unis et l'URSS ont testé des engins thermonucléaires à neuf mois d'intervalle.
Une nouvelle alerte sur l'armement
Cette horloge symbolique, souvent associée à l'arme atomique, doit montrer, si elle atteignait minuit, le moment où l'humanité s'anéantirait elle-même. Le fait de l'avancer doit montrer qu'aux yeux des observateurs internationaux, le danger d'une extinction de l'humanité se fait plus pressant.Le communiqué du Bulletin donne davantage de détails sur les raisons de cette avancée de 20 secondes. Le nucléaire est toujours dans les esprits : en 2019, les tensions entre les États-Unis et l'Iran se sont accrues et la Corée du Nord a abandonné les négociations sur le sujet.
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Le Bulletin alerte également sur le sujet connexe de la course aux armements spatiaux. En mars dernier, l'Inde a prouvé sa capacité à détruire un appareil situé en orbite basse, faisant d'elle la quatrième nation à disposer d'une telle capacité. Alors que le Président américain Donald Trump a annoncé en 2018 vouloir créer une « armée de l'espace », la France a annoncé en juillet dernier la création de sa propre stratégie de défense spatiale. Si la ministre des Armées, Florence Parly, a affirmé que « La France ne se lance pas dans une course aux armements spatiaux », l'initiative a inquiété outre-Rhin. La liste est encore longue : pour Robert Latiff, un ancien général de l'US Air Force, l'espace est en train de devenir une arène pour le développement d'armes.
Le danger des fake news
Les scientifiques tiennent aussi compte d'autres dangers. Ils citent la dissémination de plus en plus importante de fake news, qui se répandent à une vitesse impressionnante et cristallisent les tensions. Le communiqué précise que « la corruption continue de l'écosphère de l'information dont dépendent la démocratie et la prise de décision publique a intensifié les menaces nucléaires et climatiques ». Le danger climatique est d'ailleurs la troisième raison avancée, le Bulletin affirmant que « l'action gouvernementale sur le changement climatique est encore loin de relever le défi actuel ».Le Directeur exécutif du Bulletin of the Atomic Scientists a déclaré que « nous devons faire plus... mais nous n'y sommes pas encore (à minuit, ndlr). Nous pouvons encore nous reculer du bord ».
L'horloge de l'apocalypse est désormais au plus près de minuit depuis sa création. En 2018 et en 1953, elle se trouvait à deux minutes de l'heure fatidique. Avec la fin de la Guerre Froide et la dislocation du bloc soviétique, l'horloge a beaucoup reculé. En 1991, lorsque l'URSS et les États-Unis ont signé le traité de réduction des armes stratégiques, l'horloge a reculé de sept minutes, se retrouvant à 23h43. Mais depuis, d'autres pays, comme l'Inde ou le Pakistan se sont dotés de l'arme atomique. Aujourd'hui, elle est à 100 secondes de la catastrophe.
Source : ScienceMag