Alors que l'inflation touche de plein fouet le portefeuille de nombreux Français, le groupe Milee lance un hebdomadaire dont le but est d'aider à économiser de l'argent. Il est disponible au format numérique et… au format papier.
Baptisée 150 euros, la publication s'inscrit autant dans son époque de défis économiques qu'à contre-courant des préoccupations écologiques et des tendances du secteur publicitaire.
Un concept attractif, aussi bien pour les consommateurs que pour les détaillants
Et si vous pouviez économiser jusqu'à 150 € chaque semaine ? C'est ce que propose ce nouvel hebdomadaire qui a déjà conquis 1,4 million d'abonnés en un peu plus d'un mois. Gratuite, la publication propose divers conseils et astuces pour faire plus d'économies, des articles sur le pouvoir d'achat, mais également des témoignages de consommateurs, quel que soit leur milieu social ou leur âge.
Le groupe Milee, spécialisé dans la distribution de prospectus promotionnels, a investi quelques millions d'euros dans ce projet pour lequel il a beaucoup d'ambition. En effet, Eric Paumier, fondateur et directeur de la publication, espère atteindre 12 millions d'abonnés d'ici à 2024. Pour ce faire, l'hebdomadaire devrait maintenir le même rythme de nouvelles souscriptions. Extravagant ? Peut-être pas.
Pour être rentable, la publication propose des promotions pour les entreprises locales. Parmi ses partenaires, elle compte de grandes enseignes de distribution comme Bureau Vallée, Mr Bricolage, Truffaut, ou la Foir'Fouille, mais surtout de grands noms de l'alimentaire comme Carrefour, Intermarché, Aldi, Cora, Auchan, Système U ou E.Leclerc. Un véritable succès qui a de quoi lui conférer crédibilité et attrait aux yeux de nombreux consommateurs
Au-delà de l'intérêt économique immédiat pour ceux-ci, Milee met également en avant d'autres avantages économiques de son concept. L'entreprise explique, en effet, qu'en regroupant plusieurs prospectus papier en un seul, ses partenaires réalisent des économies considérables. Ce qui n'est pas négligeable pour un secteur qui connait la fin de son âge d'or depuis plusieurs années.
Comment ça, des catalogues au format papier en 2023 ?
Selon Eric Paumier, cette mutualisation aurait un second effet positif. En mettant en commun les catalogues, et en permettant de cibler plus directement les consommateurs potentiellement intéressés, son entreprise devrait permettre de réduire la consommation de papier. D'autant que, selon lui, ce format n'est pas aussi polluant que l'on pourrait le craindre, à condition de choisir les bonnes filières et de mettre en avant le recyclage. Cependant, au vu des préoccupations écologiques du moment, on peut se demander si 150 euros reste toujours aussi crédible.
Les abonnés semblent répondre par l'affirmative. La moitié d'entre eux ont choisi le format papier plutôt que le format numérique. À l'opposé de la tendance observée du côté de la presse écrite, les Français paraissent toujours aussi attachés à la publicité qui arrive dans leur boîte aux lettres. Pourtant, les distributeurs répondent aux préoccupations écologiques de leurs clients en cessant progressivement d'éditer des catalogues physiques. Comme E.Leclerc, qui dit adieu au format papier en septembre prochain, mais surtout Monoprix, qui a abandonné ce support publicitaire depuis 2019.
Ce dernier met en avant l'avantage du numérique, qui permet de cibler plus efficacement les clients en leur proposant des offres personnalisées et en leur envoyant des notifications push depuis l'application sur smartphone. D'autres enseignes lui emboîtent le pas, d'autant que nombre d'entre elles sont déjà rompues à cette méthode, notamment grâce à leurs services drive ou de livraison à domicile, qui fonctionnent principalement en ligne.
Cependant, le tout numérique reste inaccessible pour de nombreuses personnes, notamment les personnes âgées. Si 150 euros s'adresse à tous les âges et à toutes les classes sociales, il serait peu surprenant de voir les seniors s'y abonner en masse, eux qui sont attachés à ce format depuis des décennies. Peut-on vraiment le leur reprocher ?
Source : Le Figaro